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Nouvelle visite au Parc Zoologique de Paris

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J'avais eu la chance de le visiter avant sa réouverture. J'aurais pu me contenter de mettre à jour ce que j'ai publié le 5 avril. J'ai préféré le laisser intact et reprendre les choses en ajoutant les photos des animaux qui sont arrivés depuis ... ou ceux qui ont (comme le lamentin) pris la pose devant mon objectif.

Il me semble qu'après un certain temps d'acclimatation certains d'entre eux en font désormais à leur guise. J'ai eu la chance de voir le paresseux de près. Il est désormais en liberté dans la serre tropicale et son jeu préféré est de se cacher derrière les bouches de ventilation. Vous avez donc une probabilité très faible de l'apercevoir, d'autant qu'il se déplace à la vitesse de quelques centimètres par quart d'heure.

En faisant peau neuve, le zoo de Vincennes est devenu le Parc zoologique de Paris. Si l'architecte a conservé les rochers parce que le public estimait leur démolition sacrilège, la nouvelle version ne ressemble quasiment plus à l'ancienne. On ne reconnaît que la piscine des loutres... où elles sont revenues dans l'eau tourbillonnante, et la volière des vautours, dont la voracité reste impressionnante :
Le chantier fut considérable. Il a duré trois ans et il fallut trouver aux animaux des lieux d'accueil pendant les travaux de rénovation, voire de reconstruction. Seules les girafes sont restées, étant donné la taille du troupeau et la difficulté à les transporter.
Un mois après sa réouverture officielle le Parc est toujours aussi minéral mais les animaux y sont en plus grand nombre, pour la grande joie des enfants.
Cliquer sur le lien ci-dssous pour continuer la visite


J'avais photographié le bassin des otaries vide. Cela donnait l'occasion de faire de surprenantes photos. Elles sont désormais la première attraction des visiteurs, surtout au moment du nourrissage.
Les canards col vert ont fini par battre en retraite devant la fougue des manchots de Humbolt et le rhinocéros blanc (gris en réalité) a pris possession de son morceau de savane.
Je le disais à l'issue de ma première visite, les allées sont longues, les zones vastes. On parcourt des dizaines de mètres sans apercevoir le moindre poil ou la plus petite plume à l'horizon. C'est très déroutant, surtout sous la pluie et je ne peux que vous conseiller de porter des chaussures confortables.
Le public va comprendre que ce Parc est d'une autre facture que les zoos qu'ils ont eu l'habitude de visiter jusque là.
Ici c'est le qualitatif qui prime et non la quantité. Par exemple, les zèbres ne sont que trois et ils disposent de plusieurs zones d'évolution.
Les clôtures électriques ont des allures de buissons.
On croit qu'il n'y a pas de lion et pourtant il scrute au loin l'horizon dans la position de celui de Denfert-Rochereau et la lionne en fait autant.
Le bien-être des animaux est une priorité. Les girafes sont nourries plusieurs fois par jour. Des brumisateurs ont été installés pour rafraichir les manchots de Humbolt qui, à terme constitueront une communauté de 40 individus.
Les visiteurs ne sont pas en reste. Les panneaux explicatifs sont très didactiques. Les enfants disposent d'aires d'expérimentation sur leurs prouesses par exemple en terme de saut en longueur ou pour comparer leur envergure à celle d'un rapace.
Des kiosques d'exploration offrent des contenus complémentaires à la sortie de chaque biozone. D'immenses surfaces vitrées permettent d'observer les animaux comme s'ils étaient à portée de main. En plus cela doit atténuer un peu le son.
On assiste à des scènes surréalistes, comme avec les babouins de Guinée qui sont davantage observateurs des visiteurs que ne le sont les être humains.
Dans la serre tropicale, les oiseaux en liberté se sont habitués à ces obstacles et les vilains scotchs ont pu être décollés.
Cette serre tropicale remplacera sûrement le rocher dans la symbolique du lieu. Température et degré d'hygrométrie ont été calculés pour convenir aux animaux et aux plantes endémiques.
La nourriture est disposée sur des brochettes appétissantes.
Certains sont à peine perceptibles. Comme le paresseux dont j'ai parlé plus haut, mais aussi comme ces grenouilles. Il faut ouvrir le cliché en taille originale pour les deviner au centre de la photo.
Le choix des animaux est largement très réfléchi. Par exemple avec un caméléon, quelques lémuriens ou un lamentin de 600 kilos.
Beaucoup d'oiseaux aussi bien sûr dans la Grande Volière qui, elle est en plein air, mais conçue avec un dôme grillagé qui leur permet de voler.
La surprise du Parc est venue de deux espèces que je croyais connaitre, les loups et les girafes. En se trouvant à 14 h 45 devant la vitre principale de l'enclos de la meute j'avais pu assister à leur repas. Allez lire dans le billet précédent ce que j'ai ressenti en cliquant sur la photo de droite. Je n'ai pas pu renouveler l'expérience parce que le nourrissage des loups n'est pas tous les jours "au programme".

Ne vous imaginez pas que les soigneurs entrent dans l'enclos avec un seau plein de viande et qu'ils distribuent les morceaux à de gentilles bêtes qui leur lécheront les mains de reconnaissance. Cela ne se passe pas comme çà et on comprend vite pourquoi.
J'écrivais qu'avec les girafes on basculait dans un monde de lenteur et de douceur. Celles-ci vivent ensemble depuis tant de temps qu'il n'aurait pas été raisonnable de les séparer. Aucun zoo au monde n'avait la capacité de toutes les accueillir et puis le transport de bêtes de près de 6 mètres de hauteur n'est pas une mince affaire. Zarafa, la première girafe à entrer sur le sol français a d'ailleurs du faire 880 kilomètres à pied car, en 1826, il n'y avait pas encore de véhicule approprié.
La girafe a deux cordes vocales mais elle ne s'en sert qu'en situation de stress intense, pour crier un peu comme le ferait un boeuf. En temps normal elle communique avec leurs congénères en frottant leur cou. Il faut savoir que ce mode de fonctionnement lui vaut d'être la métaphore de la communication non-violente.
Les girafes du Parc sont très choyées. On leur fait faire des exercices pour les habituer à accepter du matériel chirurgical, au cas où. Elles côtoient désormais des autruches et des oryx algazelles.
Comme elles ne sortent pas si la température extérieure est inférieure à 12° elles ont un espace à leur taille en intérieur. Les visiteurs peuvent les observer à travers la vitre en se trouvant à hauteur de leur tête. C'est une belle émotion que de pouvoir regarder une girafe dans les yeux. Par contre attendez-vous à une odeur musquée d'une intensité rare.
Je me souviens du doyen des éléphants cassant des baguettes de pain d'un coup de pied pour "amuser la galerie". Il est mort à l'âge de 42 ans et c'est en souvenir de lui que le restaurant du Parc porte son nom, Siam. Il ne devrait plus y avoir d'éléphants ici, pas plus que des ours, des chèvres et autres animaux que l'on connait bien.
Par contre on découvrira le plus petit des cervidés, le Pudu des Andes, 40 centimètres au garrot.
Les propithèques couronnés, originaires de la forêt sèche de Madagascar appartiennent à une espèce très menacée. Ils dormaient lors de cette visite mais je vous les montre malgré tout parce qu'ils sont réellement fascinants. Le Parc a beaucoup d'espoir pour eux depuis que la première naissance en captivité a eu lieu en 1995.
Comptez plusieurs heures pour découvrir l'espace qui est immense.
Vu du boulevard c'est toujours le rocher qui domine, faisant oublier la vision si différente que nous avons à quelques mètres de là.

Précédent article consacré à la réouverture ici.

Parc Zoologique de Paris ... à partir du samedi 12 avril 2014
Entrée à l'angle de l'avenue Daumesnil et de la Route de Ceinture du lac Daumesnil - 75012 Paris
01 40 79 31 25
De mi-mars à mi-octobre de 10 h à 18 h en semaine, de 9 h 30 à 19 h 30 les week-ends, jours fériés et vacances scolaires (toutes zones)
De mi-octobre à mi-mars de 10 h à 17 h

Rentrée littéraire 2014 sur A bride abattue

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On annonce une rentrée littéraire d'enfer avec plus de livres encore que les trois années précédentes. On attend pas moins de 607 romans français et étrangers, avec parmi eux des auteurs célèbres comme Emmanuel Carrère, Olivier Adam, ou David Foenkinos.

Je serai d'abord fidèle à d'autres que je "suis" comme on dit dans le jargon, comme Frédérique Martin, Marie-Hélène Lafon ou Sophie Van der Linden dont j'ai tant aimé le premier roman l'été dernier. J'avais alors lu ceux-ci.

J'ai aussi un peu de retard à rattraper ... comme d'habitude direz-vous, et vous aurez raison, mais on ne peut pas tout faire. Je me demande d'ailleurs si une année je n'aurai pas l'idée de faire une "fausse" rentrée ... en prenant sciemment des livres de septembre 2007, soit l'année juste avant la création du blog.

Quand je constate en librairie qu'un livre n'a que deux mois pour y faire sa place je suis tellement scandalisée que j'aimerais que les bloggeurs (ce ne sont pas les journalistes qui s'y mettraient !) permettent à quelques ouvrages qui le méritent d'avoir une seconde chance en faisant leur promotion.

Certes il y a des exceptions pour durer, mais il faut s'appeler Shakespeare ou Sartre.

Je sacrifierai malgré tout volontiers à la célébrité en chroniquant Grégoire Delacourt parce j'ai beaucoup apprécié la Liste de mes envies. Et Amélie Nothomb parce que si elle a ce rituel de "pondre" un roman par an (c'est elle-même qui en parle avec ces mots) j'ai celui d'inaugurer la série de mes chroniques de rentrée par le sien depuis 5 ans.

Pétronille (chez Albin Michel) et On ne voyait que le bonheur (chez Lattès) figureront donc la vingtaine d'autres titres que je me suis promise de lire cet été. Tout n'est pas sur la photo ci contre, d'autres titres pourront encore arriver. N'hésitez pas à me laisser en commentaires vos avis, critiques et suggestions.

Je mettrai ce billet régulièrement à jour en associant au fur et à mesure les liens (il suffira de cliquer dessus pour ouvrir l'article correspondant) sur la liste ci-dessous qui, en quelque sorte, est celle de mes envies ... de lecture et qui est classée par ordre alphabétique d'auteur, histoire de ne pas faire de hiérarchie :

Toute ressemblance avec le père, Franck Courtès, Jean-Claude Lattès, septembre 2014
On ne voyait que le bonheur, Grégoire Delacourt, Jean-Claude Lattès, août 2014
Les hommes meurent, les femmes vieillissent, Isabelle Desesquelles, Belfond, 14 août 2014
Une vie d'emprunt, Boris Fishman, traduit par Stéphane Roques, Buchet Chastel, 28 août 2014
Pierre contre ciseaux, Inès Garland, traduit par Sophie Hofnung, Ecole des loisirs, mars 2014
Omaha, Norman Ginzberg, Editions Héloïse d'Ormesson, 5 juin 2014
La nuit commencera, Thierry Illouz, Buchet Chastel, 4 septembre 2014
Etranger dans le mariage, Emir Kusturica, traduit par Alain Cappon, Jean-Claude Lattès, 24 septembre 2014
Joseph, Marie-Hélène Lafon, Buchet Chastel, 28 août 2014
L'Histoire d'un amour, Catherine Locandro, Editions Héloïse d'Ormesson, 21 août 2014
Sauf quand on aime, Frédérique Martin, Belfond, 14 août 2014
Pétronille, Amélie Nothomb, Albin Michel, 21 août 2014
Le voltigeur, Marc Pondruel, Jean-Claude Lattès, septembre 2014
Les amants spéculatifs, Hélène Risser, Jean-Claude Lattès, septembre 2014
Power Patate, Florence Servan-Schreiber, Marabout, janvier 2014
L'incertitude de l'aube, Sophie Van der Linden, Buchet Chastel, 21 août 2014
Une semaine dans la vie de Stephen King, Alexandra Varrin, Editions Léo Scheer, 3 septembre 2014

Les titres qui ne sont plus à l'encre noire ont déjà été lus, pas forcément chroniqués, mais en voie de l'être.

L'envol du dragon au Musée Guimet jusqu'au 15 septembre

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C'était ce matin la présentation à la presse de la nouvelle exposition temporaire du Musée Guimet,  L’envol du dragon : art royal du Vietnam, en présence de Pierre Baptiste, commissaire de l’exposition, et conservateur en chef de la section Asie du Sud-Est de ce musée national des arts asiatiques.

Inscrite dans le cadre de l'année France-Vietnam, Nam Viet Nam Phap 2013-2014, le musée a bénéficié de prêts exceptionnels parmi lesquels figurent notamment certains des regalia les plus précieux de l’empire d’Annam (sceaux et décrets impériaux en or et en argent,…) présentés pour la première fois en dehors du Vietnam.

C'est par exemple le cas avec cette Couronne impériale, composée d'or, brillants et pierres précieuses sur âme de chanvre datant du règne de Khai Dinh, 1916-1925 et provenant du musée national d’Histoire du Vietnam, Hanoi.

Centrée sur l’image du dragon, l'exposition évoque une histoire millénaire, de l’âge du Bronze au crépuscule de la dernière dynastie royale.

Vous disposez d'un peu de temps pour découvrir ces objets mais ne tardez pas. Le 16 septembre, il sera trop tard et certaines pièces sont de nature exceptionnelles.

Je voudrais, au travers de cet article, à la fois vous en montrer l'essentiel et vous donner envie d'aller voir de près des pièces pour la plupart exceptionnelles.

Pour ne pas monopoliser en quelque sorte le fil d'actualité du blog j'ai inséré cette balise pour "lire la suite" afin que seuls ceux qui souhaitent la totalité du compte-rendu y aient accès. Une fois le lien activé, je vous recommande de cliquer (doucement) sur la première photo pour activer le diaporama de l'ensemble. Je télécharge dorénavant les images en haute définition. L'opération ralentit sans doute l'affichage sur votre écran mais elle permet de les regarder ensuite "comme si vous y étiez".
L'exposition propose un parcours chronologique qui introduit le visiteur aux derniers temps de l’âge du Bronze où, dans la Culture de Dong Son, les scènes historiées des tambours et des récipients rituels présentent un bestiaire fantastique et original dans lequel le dragon n’a pas encore véritablement trouvé sa place.
On ignore l'usage précis de ces "tambours de pluie", associés parfois à des cultes agraires pratiqués jusqu'à une date récente en certaines régions du Vietnam. Découverts dans des tombes, du delta du fleuve Rouge aux îles d'Indonésie, ils témoignent de l'importance accordée aux défunts. Leur rôle a été considérable dans les échanges culturels et commerciaux entre les peuples continentaux et insulaires de l'Asie du Sud-est, depuis des temps immémoriaux.

L’évocation de la période de la domination chinoise des Han (env. 1er-3e siècle) permet d’illustrer l’émergence de l’iconographie du dragon figurant çà et là dans le riche mobilier funéraire mis au jour dans les tombes du nord du Vietnam (province du Thanh Hoa), notamment  à la faveur des travaux de l’École française d’Extrême-Orient conduits par les archéologues Louis Pajot puis Olov Janse dans les années 1920-1930.
La caisse photographiée ci-dessus est remplie de matériel des fouilles d'Olov Janse dans la province du Tranh Hoa, tessons de céramique, Epoque Giao Chi, c. 1er-3ème siècles

Après les fouilles conduites par le suédois Olov Janse, entre 1935 et 1938, des fragments de céramiques et d'autres objets d'études furent destinés à la France. Jusqu'à nos jours l'ensemble a été conservé au musée dans les boites de récupération d'origine : la pratique de ces conditionnements de fortune était d'un usage fréquent à cette époque pour le matériel archéologique ne présentant qu'un intérêt documentaire.

Ces fouilles ont amené quantité d'informations sur les pratiques funéraires de l'élite, qu'elle soit locale ou chinoise, durant les premiers siècles de notre ère. Les fouilles de tombes en briques, financées par la France et l'université de Harvard, révélèrent un important mobilier partagé entre Paris, les Etats-Unis et le Vietnam qui en conserve les chefs d'oeuvre.
On peut voir aussi des céramiques agglomérées à des concrétions sédimentaires maritimes (fouilles maritimes de Cù Lao Chàm, province de Quang Nam) parmi d'autres grès porcelaineux à décor de bleu de cobalt sous couverte et rehauts d'émaux colorés sur couverte, époque Lê, fin 15-16° siècles
Destinées à être exportées vers l'Asie du Sud-est (Indonésie, Philippines- et le Moyen-Orient, ces pièces présentent des formes et parfois des décors adaptés à leur clientèle étrangère. En témoignent des grands plats (non photographiés) qui n'auraient pas trouvé leur place sur les tables du Vietnam où ne figuraient que des objets de petite taille, mais qui correspondent à l'usage du monde islamique, de Bali à Istanbul. Longtemps immergées au large de l'île de Cù Lao Chàm, les pièces ont parfois perdu un peu de leur brillant et certains des rehauts colorés.
 Verseuses en grès à couverte ivoire craquelée, Epoque Ly-Tran, 11°-14°siècles
Ornement de toiture, parfois dragon, parfois tête de phénix ...

C’est à partir de l’indépendance retrouvée (10e siècle) que le Vietnam décline précisément l’image du dragon sous les formes les plus variées. Des éléments de décor architectural, des chefs-d’œuvre de céramique, divers objets somptuaires de bronze (11e-18e siècle) témoignent de la puissance inventive d’un pays imprégné de culture chinoise et faisant pourtant preuve d’une profonde originalité.
Au Vietnam, le dragon occupe une place privilégiée au sein du bestiaire des animaux fabuleux et on verra que l’on aurait tort de le réduire à son seul et indéniable effet ornemental. Cette fascinante chimère manifeste avec dynamisme son rôle protecteur et bienfaisant par un aspect à la fois gesticulant et animé si bien que les artistes vietnamiens ont durant des siècles décrit les méandres de sa silhouette.

Serpentiforme, le dragon participe du monde des eaux dont il est le gardien et le pourvoyeur. Détenteur des clés de la sécheresse ou de l’inondation, évoluant dans les mondes souterrains et les milieux aquatiques avec la même aisance que dans les nuées célestes, il est par essence versatile et capricieux.
Porcelaine à décor bleu de cobalt sous couverte. Epoque Nguyễn, 1841-47

Ce sont les Français en poste en Indochine, et plus particulièrement au Tonkin, en Annam et en Cochinchine, qui ont désigné sous le nom de bleu de Hué les porcelaines chinoises à décor de bleu de cobalt sous couverte que le Vietnam commandait à la Chine, aux fours de Jingdezhen, depuis le 18° siècle. Les pièces réunies ici participent de l'esthétique officielle et relativement stéréotypée du palais selon laquelle dragons et phénix se disputent le précieux joyau dans une danse céleste au milieu des nuages.

On pénètre ensuite dans une autre salle en contournant Bodhisattva Avalokitesvara à mille bras ou Quan Thê Âm, bois laqué et doré, époque Lẽ / Nguyễn, fin 18°-début 19° siècle
Au Vietnam, quelques statues célèbres témoignent de l'importance d'une iconographie spectaculaire illustrant de manière éloquente la Compassion infinie, l'une des principales vertus bouddhiques. Les milles mains du Bodhisattva Avalokitesvara (Quan Thê Âm en vietnamien) se tournent en effet vers le fidèle pour l'aider sur la voie de l'éveil. Longtemps considérée comme une création chinoise, c'est tout récemment que l'oeuvre a été réattribuée au Vietnam et rattachée au fonds de sculptures bouddhiques données par Gustave Dumoutier en 1889. Elle demeure, hors du Vietnam, un témoignage exceptionnel.
Brûle-parfums en forme de lion "nghê", bronze, époque Lê, daté 1580 (musée national d’Histoire du Vietnam, Hanoi)
Offrande essentielle à tout rituel au Vietnam, l'encens pouvait être placé dans de petits brûle-parfums zoomorphes, tels que celui-ci.

L’exposition se poursuit par l’évocation d’un sanctuaire bouddhique dont les riches iconographies dans lesquelles l’image du dragon prend parfois place, forment un ensemble en harmonie avec les éléments de mobilier rituel et d’objets d’art religieux réunis de manière suggestive.

Le Vietnam, pays de montagnes, pays maritime et fluvial, terre de cultures irriguées – dont la cruciale riziculture - ne pouvait que faire une place centrale au dragon. Maître des nuées, maître des eaux, il préside aux destinées d’une économie agricole et est fondamental à l’équilibre des choses du monde, ce qui l’associe tout naturellement au bon exercice de la royauté. Ainsi les souverains vietnamiens porteront-ils sur la cuisse un tatouage totémique figurant un dragon. Cette pratique du marquage apotropaïque du corps ne se limite d’ailleurs pas à la seule personne du souverain : l’image de l’animal protège des morsures de serpent celui qui la porte.

Le dragon nous dit l’être profond d’un pays, son rapport à la terre, son choix du bouddhisme ; le dragon se rencontre en effet autant dans l’admirable céramique vietnamienne que dans les garnitures d’autel bouddhique ou dans le choix de certains thèmes de l’iconographie canonique tel le bouddha enfant ondoyé par les Neuf Dragons, bois laqué et doré, époque Lẽ / Nguyễn, fin 18°-début 19° siècle.

Dès après sa venue au monde, le Bouddha historique, qui a vécu en Inde, aurait effectué sept pas en direction du nord, puis fixé successivement les quatre directions avant de recevoir un bain d'eau chaude et d'eau froide qui lui fut donné par des serpents ("nãga"), ces gardiens des richesses souterraines.

Une analogie entre "nãga" et dragons s'est peu à peu opérée dans le monde sino-tibétai. Les serpents se sont transformés en dragons, au nombre de neuf -symbole céleste-, qui crachent l'eau pour nettoyer l'enfant, debout sur un lotus émergeant des flots.

On remarque derrière lui le ventripotent rigolard, moine qui se trouve être la réincarnation du bouddha du futur, réputé pour protéger les enfants.
Il est lui-même placé sous la protection d'un autre bouddha, aux yeux presque clos. C'est le Bouddha Amitabha, bois laqué et doré, époque Lẽ / Nguyễn, fin 18°-début 19° siècle, figure très importante du panthéon bouddhique au Vietnam car il est le Maitre du Paradis de l'Ouest, où renaissent tous ceux qui invoquent son nom dans les traditions du bouddhisme de la Terre pure dont il est la figure centrale.
Toutes les entités bouddhiques se trouvent ainsi associées les unes derrière les autres.
Portrait du moine Thuyên Anh, bois laqué et peint, époque Lẽ / Nguyễn, fin 18°-début 19° siècle
Cette oeuvre serait le portrait funéraire du moine fondateur d'un grand temple bouddhique de Hanoi qui fut détruit dans les travaux d'aménagement de la ville dans les années 1880. Cette sculpture permet d'évoquer l'usage de conserver dans les parties arrières ou latérales des temples les images des grands moines qui contribuèrent au développement de tel ou tel sanctuaire et à la diffusion du bouddhisme dans la région.
On peut aussi admirer ce trône de génie, en bois laqué et doré, époque Nguyễn, 19° siècle. En effet, certaines divinités, tant bouddhiques que taoïstes ou encore représentant des héros locaux divinisés ne figurent dans les temples que sous la forme d'une tablette inscrite à leur nom. Parfois, leur présence n'est suggérée que par ce type de trône miniature, orné de pieds et de montants décorés de dragons jouant avec la perle.

La dernière partie de l'exposition révèle un riche ensemble de pièces d’orfèvrerie du trésor des Nguyên (1802-1945), récemment sorti des coffres où il était conservé au Vietnam depuis 1945, ce qui témoigne de la confiance qui est accordée à la France.

Ces régalia d’or, d’argent et de jade (sceaux impériaux, sabre royal), les plus précieux de l’empire d’Annam, ces éléments de prestige (supports d’offrandes, décrets impériaux d’or dans leurs coffrets d’argent ciselé) et ces objets de cour, témoignent des fastes de l’empire d’Annam dont la forme toute entière est alors comparée à celle du dragon auspicieux. Ils illustrent le faste de cette dynastie à Huê,  depuis sa fondation, à l’avènement des Nguyên, en 1802, jusqu'à l’abdication du dernier empereur, Bao Dai, le 25 août 1945.

L’empereur Gia long, fondateur de la dynastie, assoit dès 1802 le prestige de la nouvelle dynastie sur le modèle de la Chine des Qing (1644-1911). C’est dans cet esprit qu’est en grande partie conçue la nouvelle capitale, la citadelle impériale Hué, selon le modèle de la Cité interdite de Pékin, où se concentrent les palais royaux publics et privés dans lesquels régalia et objets de cour contribuent à la pompe des souverains qui y règnent.

La décolonisation est passée par la démocratisation et le dernier empereur dut abdiquer. le trésor est resté en quelque sorte secret et personne n'avait jeté un oeil sur ces pièces entre 1945 et 2007. Il est remarquable qu'un gouvernement communiste les ait conservées intactes.
L'empereur Gia Long, veille à conférer à son nouveau statut un caractère éminent. Tout ce qui participe de la pompe du souverain, notamment son sceau, fait désormais l'objet d'une magnificence inédite, inspirée des usages et traditions de la Chine impériale contemporaine. Ciselé avec un soin extraordinaire, le dragon dont l'iconographie du dragon s'adapte à une poignée, plante vigoureusement ses griffes dans la base carrée qui symbolise la terre.

Sur la photo on voit lSceau de l'empereur Gia Long, en or, époque Nguyễn, 1802, "Sceau faisant foi de la maison impériale" (musée national d’Histoire du Vietnam, Hanoi)
Quelques autres sont en argent ou en jade.
Les ordonnances et décrets impériaux sont en or et en argent. Les trois pièces ci-dessus appartiennent à la dynastie des Nguyễn. Le premier est le décret d'institution du prince Nguyễn Phuc Dam (1791-1841) en tant que successeur au trône. le deuxième est le décret d'attribution du titre de Reine-mère à la mère de l'empereur Minh Mang (1822) et le troisième est le décret d'institution du prince Phuc Mien Tong (1807-1847) en tant que successeur au trône.

Chacun était offert de façon très officielle dans une boite en argent, souvent accompagnés d'un sceau.
Le dragon y est traité comme sur le brocart d'une couverture de livre.
Quelques pièces "domestiques" complètent l'ensemble. Ainsi ce service à thé, or ciselé et jade blanc, règne de Khai Dinh, 1916-1925 époque Nguyễn, 19 ème siècle (musée national d’Histoire du Vietnam, Hanoi. D'une grande somptuosité, le jade a reçu un sertissage d'or dans lequel des dragons évoluant dans les nuées enserrent la base des tasses. La présence d'anses de préhension témoigne d'une influence occidentale.
Verseuse en or, époque Nguyễn, 19 ème siècle
Outre les porcelaines, de magnifiques objets d'or, privilège impérial s'il en est, étaient utilisés à la table du souverain. Des verseuses font partie de ces pièces particulièrement précieuses, qu'elles aient été destinées à contenir du thé ou plus simplement de l'eau chaude, dans le cas où les feuilles de thé étaient déposées directement dans la tasse.

Mais le plus étonnant est sans doute une des quatre couronnes récemment restaurées, remontées et recousues sur une structure moderne tandis que tout le reste demeure d'origine.
Celui-ci est un Couvre-chef impérial, or argent, pierres précieuses, textile, bambou, époque Nguyễn, 19 ème siècle. Il faut imaginer cette coiffe portée (quelques instants seulement d'ailleurs) par le souverain lors des assemblées solennelles de la cour, en mouvement au moindre hochement de tête.
Il est conçu sous une forme dérivant du bonnet de lettré de tradition chinoise. Il est d'ailleurs élaboré selon le même principe, à partir d'une structure de gaze laquée - aujourd'hui remplacée par une résille métallique- sur laquelle viennent se fixer les nombreux ornements qui sont, quant à eux, un privilège impérial.

On y retrouve naturellement le thème du dragon jouant avec la perle. Le dragon est le maître de l'eau, des étangs, de la mer, des nuages. Il est capable de provoquer un tsunami. La dualité yin et yang est perceptible avec la perle.
Juste derrière on  peut admirer une robe impériale en soie brodée, prêtée par la famille française des descendants de l'empereur ainsi que trois tableaux qui décoraient la résidence qu'il possédait à Cannes depuis 1930.
Un important fond iconographique complète l'exposition.
L’envol du dragon : art royal du Vietnam, organisée dans le cadre de l’année France - Vietnam
Musée national des arts asiatiques - Guimet (Paris)
6, place d’iéna, 75116 Paris 01 56 52 53 00
Accès : métro : iéna / trocadéro / boissière
bus : n° 63, 82, 32, 22, 30

Autour de l’exposition, tarifs, informations pratiques et horaires : www.guimet.fr
Du 9 juillet au 15 septembre

L'affiche reprend un Dragon bondissant dans les nuées
or et bois, 2e année thieu tri, 1842 musée d’Histoire
du Vietnam, Hanoi, © D.r./thierry ollivier

L'année France - Vietnam représente pour la France plus de 150 événements de janvier à septembre 2014, témoignant de la créativité et le dynamisme de la culture du Vietnam. Toute la programmation sur : www.anneefrancevietnam.com

Customiser des gâteaux parmi les grands classiques du patrimoine biscuitier français ... c'est possible

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J'aime bien les défis. L'an dernier j'avais relevé celui de Biscuits & Gâteaux de France, me proposant d'imaginer quelque chose de "croustillant, moelleux ou fondant" avec un quatre-quarts ou des boudoirs.

J'avais fait avec les boudoirs un cheesecake au hareng et à la poire qui combinait les trois caractéristiques attendues.

Quant au quatre-quarts, il avait été transformé en moelleux aux agrumes, en l'occurrence des mandarines à la vodka, en association avec un lemon curd. (voir photos en fin d'article)

Cette fois cela va être votre tour de vous y mettre. Mais je ne me défile pas. J'ai bricolé quelques petites combinaisons en trois temps trois mouvements pour témoigner qu'on n'est pas obligé de faire sophistiqué.

S'y mettre en groupe booste souvent la créativité. Je me suis trouvée pour l'occasion avec Sandrine  du blog Gamon Girl et Gaëlle du blog Mademoiselle Bon Plan. Et voilà ce qui est sorti de notre petit atelier de customisation :
Vous avez jusqu'au 7 septembre pour proposer votre création gourmande à partir d'un biscuit ou d'un gâteau déjà existant puis publier votre recette sur la page Facebook de Biscuits & Gâteaux de France. Le déroulé de votre recette ne vous sera demandé que si vous êtes retenu parmi les gagnants.

Une soixantaine de Fabricants, certains leaders nationaux, d'autres PME régionales sont partenaires de cette opération. La liste est consultable sur leur site www.biscuitsgateaux.fr. Ils produisent les spécialités régionales que nous connaissons tous : petits-beurre nantais, biscuits roses de Reims, nonettes de Dijon, pain d'épices Reims, madeleines de Commercy, de Liverdun, de Dax ou ... Bijou, cannelés de Bordeaux… macarons de Nancy, Amiens, Montmorillon, Saint-Jean-de-Luz, Saint-Émilion et Melun, chacune conservant jalousement sa recette. Comme vous le voyez, la richesse et la diversité du patrimoine biscuitier français est immense.

Les 5 recettes gagnantes seront dévoilées à l'occasion de la 4ème édition des Cités Merveilleuses. C'est un événement national qui aura lieu du 1er au 5 octobre prochains.

A cette occasion les fabriques se transformeront en autant de "Cités Merveilleuses" et je connais des adultes qui salivent déjà à l'idée d'y jouer les Charlie à l'instar du petit héros de la Chocolaterie de l'écrivain Roald Dahl. On pourra s'inscrire (gratuitement) dès la fin du mois d'août pour une visite en choisissant sur cette carte le fabriquant le plus proche de chez soi (dans la limite des places disponibles).

Si j'habitais Nantes j'adorerais assister au façonnage des petits-beurre à la machine que Jean-Romain Lefèvre-Utile a créé en 1846 avec leurs 4 oreilles et 48 dents et qu'il emballait dans des boîtes métalliques en fer-blanc permettant une conservation optimale du goût et de la texture. L'entreprise nantaise deviendra LU en 1883.

Je ne vois qu'un bémol : les visites commencent un mercredi et ... les enfants seront privés de sorties ce matin là puisque c'est désormais un jour d'école obligatoire sur tout le territoire. Gare à ceux qui sècheront les cours !
C'est sans doute ce qui m'a inspiré pour faire ce petit montage à partir de la Grande galette Saint-Michel qui existe depuis 1905.

Nous avions à notre disposition quelques ingrédients comme des graines de lin ou de sésame, de la pâte d'amandes, des abricots secs, un stylo pour écrire au cacao, de la confiture de fraises et du caramel.
J'ignore les critères que le jury appliquera mais je peux vous dire que le biscuit/gâteau préféré des français est plutôt moelleux, au chocolat (pas nécessairement entièrement au chocolat) et la forme  la plus citée est rectangulaire. Je n'ai pas pu résister avant de partir à "améliorer" la recette du Napolitain qui était le dessert préféré de mon enfance en le réhaussant de deux strates supplémentaires.

Enfin, comme annoncé plus haut, voici les deux réalisations de mai 2013 :
  

Des produits de beauté dans ma valise

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Le moins qu'on puisse dire est que A bride abattue n'est pas un blog consacré à la beauté. Ce n'est pas un sujet dont je me désintéresse mais d'une part l'alternance entre le culturel et le culinaire m'occupe déjà beaucoup et d'autre part tout ce qui est maquillage n'est pas ma tasse de thé et rime dans mon petit cerveau avec "perte de temps". A tort ou à raison, je ne suis jamais allée vérifier. On a les idées reçues qu'on peut.

Malgré tout j'accepte volontiers de me remettre en cause. Surtout quand j'apprends qu'une marque que j'apprécie par ailleurs, Marque Repère, me fait savoir qu'elle est présente sur ce terrain de la beauté et de la santé. Elle s'y trouve même avec gourmandise. Alors banco pour tester quelques produits.

Le déodorant fraicheur à l'extrait de citron et d'aloé vera bio est hyper agréable. C'est pas compliqué : je l'adore et l'ai adopté définitivement. Il sent infiniment bon et il est sans alcool.

La crème pour mains peaux sèches et abîmées à l'extrait de mandarine et de karité bio est satisfaisante. Mais là, vu ce que j'ai fait en ce début d'été, notamment avec un déménagement qui m'a littéralement rongé la peau à force d'avoir récuré des meubles avec des produits décapants sans avoir pu mettre de gants ... il me faut plus puissant. Disons que cette crème est parfaite en entretien.

J'adore les huiles sèches (sèches façon de parler) et ma référence jusque là c'était l'huile prodigieuse de Nuxe. Personne ne me désavouera. Je dois dire que l'huile sèche à l'extrait de noyaux d'abricot et huile d'argan bio m'a beaucoup plu. Depuis que je porte les cheveux courts j'ai parfois la tête d'un chien fou et quelques gouttes de cette huile disciplinent sans donner un effet mouillé.

On pourrait l'utiliser de la tête aux pieds mais ayant sous la main un flacon de lait à l'extrait d'huile de noyaux d'abricot et beurre de karité bio c'est plutôt lui que j'ai employé sur le corps.

Et le visage, alouette ? Il existe un lait démaquillant (peaux sensibles, normales et mixtes, difficile de viser plus large) à l'extrait de pêche et de fleur d'oranger bio, qui s'emploie avec une lotion tonique (de spectre d'utilisation aussi large) à l'extrait de thé vert et de fleur d'oranger bio.

S'il existe des parfums aphrodisiaques il y a des odeurs qui exaltent ma fibre maternelle, et c'est le cas de l'eau de fleur d'oranger. Elle est définitivement associée à l'eau de toilette sans alcool Poupina dont les sage-femmes ont badigeonné la tête de mes bébés avant de me les rendre quelques minutes après leur naissance. Malheureusement j'ai beau inspirer à plein poumon, ce lait et cette lotion me laissent de marbre.

Je ne suis pas sûre non plus que ces associations, dont je comprends l'intérêt multiplicateur au regard des vertus de chaque plante, soient aussi parfaites qu'elles pourraient l'être sur le plan olfactif. Or c'est important. Sentir simultanément le citron, la mandarine, l'abricot, le thé vert et la fleur d'oranger cela me parait beaucoup. Je dois dire que je n'ai pas pensé (ou pas encore osé) questionner mon entourage.

Embaumer les fruits c'est toujours mieux que la lavande qui est si souvent corrélée aux produits de ménage et d'entretien. J'ai fait une monstrueuse gaffe en me plaignant un jour que quelqu'un avait vaporisé dans le couloir de mon bureau un déodorant pour WC. Il s'agissait d'une nuée fort couteuse d'un grand parfumeur porté ... par ma chef de service et je l'ai appris à mes dépens. Mes jugements se sont assagis depuis. Je ne pense pas courir un risque semblable avec les produits de cette gamme.

La gamme Bio Naïa est riche de 11 produits ... pour le moment, qui sont vendus entre 15 et 40% moins cher que les autres marques. Ils sont testés sous contrôle dermatologique, c'est bien le minimum. Leur qualité a permis d’obtenir la certification des deux labels français et européen incontournables : Cosmébio et Ecocert, car elle possède 20% d’ingrédients issus de l’agriculture biologique. Ce qui m'importe aussi fut d'apprendre qu'ils sont fabriqués en France, en minimisant l'empreinte écologique et en respectant une qualité environnementale pour les emballages.

Ceux qui penseraient que je suis sponsorisée pour écrire cet article se tromperaient, même s'il est vrai qu'ils m'ont été offerts. Je n'avais aucune obligation d'écrire en contrepartie. Je l'ai fait parce qu'ils le méritent et je les emploierai avec satisfaction, bonne conscience et un plaisir certain ... même si ce ne sera pas tous en même temps.

Je connais bien les produits Marque Repère. J'avais imaginé un menu de Noël il y a deux ans avec eux pour moins de 5 euros par personne avec comme entrée des  Etoiles de poire caramélisées, fourme d'Ambert et marron glacé, en plat des Cuisses de dinde en croute de sel, haricots persillés, et un Tiramisu irlandais en dessert.

En septembre 2013 j'ai suivi les recettes du Chef Delage pour un velouté de pois cassés aux lardons de saumon, suivi d'une blanquette de volaille dont je me souviens encore du goût (parce que la blanquette n'est pas un plat si facile à réussir), et d'une pomme rôtie accompagnée de financiers.

Marque Repère est la Marque de Distributeur des Centres E.Leclerc. Créée en 1997, elle compte aujourd'hui plus de 6000 références allant de l’alimentaire, à l’hygiène et soin en passant par l’entretien de la maison. Engagée dans des démarches éco-responsables, la marque propose un rapport qualité/bénéfice/prix inégalé que je n'ai aucun scrupule à souligner.

Le chemin de fer touristique du Tarn

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J'inaugure une série de billets sur le Sud-Ouest, en commençant par le Tarn qui est un très beau département que je suis loin d'avoir visité de manière exhaustive. Je n'ai sans doute pas été assez sensible à ses pigeonniers, suite à un réflexe atavique de parisienne déplorant les dégâts des volatiles sur les monuments historiques.

Mon enthousiasme a par contre été immédiat pour l'ail rose qu'on a réussi à me faire croquer comme un bonbon ... je ne vous conseille pas d'en faire autant. Il faut être né sur ce terroir pour l'apprécier à ce point même si une de ses qualités est de "ne pas reprocher" comme on dit là-bas.

Le pastel a été une très belle découverte. Je me suis enfoncée dans un souterrain étonnant et j'ai grimpé au sommet d'un clocher où très peu de gens ont le privilège de monter.

Je me suis régalée de champignons (à croire que la cueillette est le sport local) mais pas que ... et j'ai habité dans le très joli domaine de l'Orguennay.

Je vais transgresser la règle d'un seul billet par jour pour vous raconter tout cela dans un laps de temps raisonnable. Car j'aurai d'autres découvertes à partager ensuite ...
Commençons par un train qui n'est pas comme les autres : le chemin de fer touristique du Tarn.

Certains diront qu'il est modeste : 46 kilomètres de voie entre St Sulpice et Réalmont, cela peut sembler court mais le trajet durait tout de même (au XIX° siècle) plus de deux heures trente, et une heure aujourd'hui.

Le premier tronçon a été ouvert en 1895 et le service fut assuré, pour chaque ligne, par trois trois aller et retour quotidiens, deux après la guerre. Outre le transport de voyageurs des trains supplémentaires étaient mis en route pour écouler le trafic marchandises constitué essentiellement de matières premières aux mégisseries.

En effet, Graulhet, centre industriel renommé pour ses mégisseries, n'était à la fin du siècle dernier relié à aucun des grands réseaux de chemin de fer. La gare la plus proche, Laboutarié (Compagnie du Midi) se trouvait à treize kilomètres. Pour rompre cet isolement qui freinait le développement économique, plusieurs projets de voies ferrées sont étudiés successivement pour aboutir en 1895 à la création de la "Compagnie des Chemins de Fer à Voie Etroite et Tramways à Vapeur du Tarn" (TVT), une compagnie privée qui exploitera un réseau de 46 kilomètres à petit écartement des rails, 0,60m.
Graulhet est un centre d'échange de peaux d'Argentine, d'Australie et d'Afrique. La crise mondiale de 1929 la frappera de plein fouet, et le réseau par voie de conséquence, surtout avec la concurrence routière. Il est fermé au soir du 30 juin 1937. Les locomotives à vapeur sont vendues, le reste du matériel est livré aux ferrailleurs, la voie est entièrement démontée.
Quarante plus tard, le C.F.T.T. en fera renaître une partie sous l'impulsion de l'association association ACOVA qui regroupe des bénévoles français et étrangers, issus de différentes catégories socioprofessionnelles. Chacun travaille sur le réseau en fonction de ses compétences et de ses centres d'intérêts : voie, restauration du matériel, exploitation du train touristique, travaux administratifs. 

Grâce à tous ses membres, le C.F.T.T. a vu son trafic annuel passer de 6500 voyageurs en 1975 à plus de 24 000 voyageurs par an, ce qui prouve l'intérêt du public pour un tourisme différent, orienté vers la découverte du patrimoine.
La nature du voyage a changé mais le trajet est demeuré le même. On passe dans une rue de village, on traverse des champs et on enjambe l'Agout sur l'imposant viaduc de Salles.
L'ACOVA se donne aussi pour mission de sauvegarder, restaurer et entretenir du matériel de transport présentant un intérêt historique ou technique. le matériel restauré assure principalement le service voyageur. L'association vise également à encourager le tourisme régional et à promouvoir les centres d'intérêt touristique de l'Occitanie en général et de la vallée de l'Agout en particulier.

Jacques DAFFIS en est le Président (ci-dessous) appuyé au locotracteur Billard et il ne ménage pas sa peine pour monter les dossiers et faire avancer le projet de musée qui abritera la collection et recevra le public.
Les bâtiments sont encore ouverts à tous vents mais les travaux avancent grâce au concours de subventionneurs multiples.

Pour quelques années encore la visite du dépôt et des collections ne sera possible que sur rendez-vous et accompagnement par un Membre du CFTT. 

Depuis 1975 le C.F.T.T. a en effet rassemblé une importante collection de matériel ferroviaire récupérée dans le monde entier. Le patrimoine préservé est constitué de 5 locomotives à vapeur, dont 3 classées Monument Historique, 25 locotracteurs, dont 1 classé Monument Historique, 3 locomotives électriques et d'autres objets et documents concernant les chemins de fer. Et dont certaines pièces sont extrêmement rares. Notamment une locomotive Decauville de 1898 (ci-dessus de couleur verte), et des locotracteurs Crochat (ci-dessous rouge). Les deux sont désormais classés Monument Historique.
Malheureusement la totalité du matériel n'est pas encore remis en état et présentable au public faute de moyens financiers suffisants, hormis les jours de fête.
Locomotives de 1932 et de 1910
 Ci-dessus c'est une VEB Lokomotivbau Karl Marx Babelsberg dite locomotive LKM, 1957.
Les 15-16 et 17 août seront marqués par la Fête du Train avec diverses animations, cavalcade et démonstration de vélo-rail (photo ci-dessus d'un modèle allemand) et bien entendu la visite possible des collections. Ensuite les Journées du Patrimoine, les 20 et 21 septembre seront un autre temps fort.

Mais le plus intéressant reste à venir avec l'ouverture d'un musée d'ici quelques années. Quelques modèles y sont d'ores et déjà installés.
Voitures de mineurs (ci-dessus) et wagon couvert Pershing américain datant de 1914 (ci-dessous) en bois d'origine. Ce dernier est une pièce unique reconnaissable à la présence d'une fenêtre.
Gare C.F.T.T., 81500 Saint-Lieux-lès-Lavaur, 05 61 47 44 52

Départ des trains: Gare de St Lieux lès Lavaur
Avril, mai, juin  : Les dimanches et jours fériés :
Départs à 14h30, 15h30, 16h30, 17h30

Juillet et Août  : Tous les jours :
Départs à 14h30, 15h30, 16h30, 17h30
Nouveau : 11H00 les 11, 12, 13 et 14 aout.

Septembre et Octobre : Les dimanches :
Départs à 14h30, 15h30, 16h30, 17h30

Autres billets sur l'église de Giroussens, l'ail rose de Lautrec, le pastel et le village de Lautrec, le site médiéval du Castela de Saint-Sulpice-La-Pointe et sur le domaine de l'Orguennay. Il suffira de cliquer sur une image pour pouvoir lire le billet correspondant.
 
Merci à Thierry pour ces rencontres.

L'église de Giroussens (Tarn)

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J'ai eu l'occasion à la mi-juillet de visiter l'église  de Giroussens, habituellement fermée. Elle a été bâtie à la fin du XIII° siècle par les abbés de Saint-Salvy d'Albi d'où son nom d'église Saint Salvi.

C'est Marie-Claire Rossignol qui m'a ouvert l'église et surtout qui m'a permis de monter au clocher d'où on a une vue imprenable sur le panorama, et la vallée de l'Agout.

Certes il a fallu faire preuve de témérité, enjambant des dépouilles d'oiseaux éventrés et quelques cadavres de petits animaux. La montée d'escalier est très étroite et hors de question de renoncer une fois qu'on s'est engagé.

Les clochers de la région sont caractéristiques, avec une sorte de terrasse permettant aux sonneurs d'officier.

On y célèbre encore le Nadalet, terme occitan que l’on pourrait traduire littéralement par "Petit Noël", et qui est une très ancienne tradition méridionale, remontant au XVIème siècle, consistant à sonner quotidiennement les cloches durant les jours précédant Noël.

Cette façon de sonner les cloches se pratiquait tous les soirs à la tombée de la nuit, à partir du 17 décembre (parfois du 13 décembre, jour de la Sainte-Lucie, en certains endroits, comme c'est le cas à Giroussens) jusqu’à la veille de Noël. Chaque carillonneur sonnait en fonction du nombre de cloches qu’il avait à sa disposition, souvent deux ou trois, rarement plus. Il se faisait souvent aider par les jeunes du lieu qui se retrouvaient au clocher dans la joie et la bonne humeur.

Cette tradition, encore bien vivante jusqu’au milieu du XXème siècle, s’est peu à peu perdue et a pratiquement disparu avec l’électrification des sonneries de cloches qui a remplacé progressivement les carillonneurs. Elle a été remise à l'honneur à Giroussens.
 
On voit d'un coté la vallée de l'Agout ...
... et de l'autre le Centre de la Céramique contemporaine.
Mais l'intérieur de l'églises est lui aussi remarquable, typique, m'a-t-on dit,  des églises gothiques languedociennes.
C'est en 1638, après la naissance du Dauphin (futur Louis XIV), que le curé qui était chapelain de l’église décide de l’embellir : il place à gauche et à droite les statues de la Vierge et de Saint Joseph faites par le sculpteur albigeois Pujol qui a pris modèle sur Anne d¹Autriche et son confesseur. Elles sont en bois doré.

On dit que Louis XIII serait venu chasser dans la forêt de Giroussens. Un violent orage aurait contraint le couple royal à dormir dans la tour du château au lieu de retourner sur Paris ... si bien que Louis XIV aurait été conçu dans le village, d'où ces statues en hommage.
Les vitraux également sont de toute beauté.

Sainte Ruffine, patronne des potiers figure en bonne place. Elle vivait à Tarragone vers 299 avec sa soeur Juste et vendaient de la poterie. Sollicitées par des femmes païennes afin de fournir des vases pour la célébration des mystères de Vénus, elles refusèrent avec indignation et furent martyrisées.

On la représente toujours avec un objet d'argile et une palme comme ici sur ce tableau de 1637 peint par le hollandais Rijck Camp. Elle est très connue en Espagne.

Giroussens fut un centre de poterie très important. Les artisans vendaient leur production sous le parvis.

Autrefois près de 90 ils ne sont plus que 2 aujourd'hui mais le Centre de la Céramique Contemporaine est un important lieu d'exposition et la fête traditionnelle des potiers a toujours lieu en avril.

Et il n'y a pas une plaque de nom de rue qui ne soit émaillée.
La voûte de l’église est composée de 6 arcs en diagonale qui reposent sur des colonnettes. La clef est raccordée par une tête représentant un agneau et on voit distinctement le Y qui symbolise le blason de Giroussens.
La statue de la Vierge au raisinétait autrefois promenée pour protéger de la peste.
Sainte Germaine de Pibrac, dite Sainte Germaine de Toulouse, une bergère représentée avec un mouton, la quenouille qu'elle plantait en terre pour protéger son troupeau et son tablier plein de roses qu'elle déplia devant sa belle-mère pour prouver qu'elle n'avait pas volé de pain.
Saint Roch
On remarquera la statue de Saint Salvi au-dessus du portail extérieur.

Autres billets sur le Chemin de fer touristique du Tarn, l'église de Giroussens, le village de Lautrec, le site médiéval du Castela de Saint-Sulpice-La-Pointe et sur le domaine de l'Orguennay. Il suffira de cliquer sur une image pour pouvoir lire le billet correspondant.
Merci à Thierry du Domaine de l'Orguennay de m'avoir facilité ces découvertes.
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Je vous recommande de cliquer (doucement) sur la première photo pour activer le diaporama de l'ensemble. Je télécharge dorénavant les images en haute définition. L'opération ralentit sans doute l'affichage sur votre écran mais elle permet de les regarder ensuite "comme si vous y étiez".

Ail rose et pastel au Pays de Cocagne

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J'avais découvert l'ail rose de Lautrec au Salon de l'agriculture en mars 2013 et je lui avais consacré un billet spécial. Allant cette année dans son berceau d'origine j'ai voulu aller voir cet or rose sur place. Je regrette d'être arrivée une quinzaine de jours après les récoltes (qui se font fin juin) mais j'ai tout de même pu me rendre compte de l'ampleur du phénomène.

Cet ail est, depuis le Moyen-Age, la spécialité de Lautrec, une petite cité médiévale située à quelques kilomètres au Nord-Est de Toulouse, au cœur du Pays de Cocagne, classée parmi les "plus beaux villages de France" et les "sites remarquables du goût". Lautrec est aussi le berceau de la famille Toulouse Lautrec dont le peintre affichiste est l’illustre descendant.

L'ail rose de Lautrec, Label Rouge et IGP

J'ai rencontré Jean-François Tournié, Président du Syndicat de Défense du Label Rouge et de l'IGP Ail Rose de Lautrec, sur son exploitation, au coeur d'une région qui a des allures de Toscane.
Il m'a raconté que la légende voudrait qu'un marchand ambulant désargenté ait au Moyen-Âge réglé un jour son dîner en donnant de l'ail à un aubergiste qui a ensuite planté les gousses. Son grand-père en vendait un peu sur les marchés de Castres, de Mazamet et d'Albi. En 1950 un groupe de producteurs a décidé de s'associer en syndicat. L'ail rose de Lautrec fut un des premiers produits à obtenir le Label rouge en 1966 et elle est devenue aussi IGP depuis 1996. Son essor est encore en progression même si les superficies sont stables depuis 20 ans.
Le séchage s'effectue toujours traditionnellement en suspendant la plante entière par ses feuilles sur une poutre en bois dans un hangar bien aéré. Les conditions sont actuellement délicates et il a fallu ne "pas trop serrer les paquets" dont les tiges sont encore humides.

L'an dernier le vent d'Autan, celui qui souffle depuis la mer, en venant du Sud/Sud-Est (célébré par Georges Brassens) avait activé le séchage qui, en temps normal, prend 3 semaines. Cette année c'est plus compliqué et le producteur a installé d'énorme machines, sorte de monstrueux sèche-cheveux sous les récoltes.

Avant d'afficher leur jolie couleur rose si caractéristique, les bulbes ne sont pas si beaux. J'ai photographié ci-contre l'ail avec toutes ses tuniques, telle qu'il est récolté en plein champ.

Vous ne le trouverez jamais en magasin sous cette forme car cette commercialisation n'est pas autorisée. Il faut au minimum enlever les "les premières peaux sales".

Cet ail rose de Lautrec blanchi en filet a été imaginé pour mieux protéger l'ail dans les grandes surfaces (les consommateurs ne faisant pas toujours attention à la fragilité des fruits et légumes!). Ce procédé permet une meilleure conservation.

Pour obtenir la couleur rose il faut éplucher la dernière peau, ce qui malheureusement le fragilise. Mais il demeure malgré tout plus résistant que l'ail blanc et reste ainsi encore un produit de grande qualité.

On emploie le terme de grappe en français parce que contrairement à d'autres aulx (je devance votre interrogation : il faut dire des ails lorsque l'on parle de l'ail en tant que plante botanique et des aulx lorsque l'on parle de l'ail comme condiment) celle-ci ne peut pas être tressée. Sa tige est trop dure pour cela. L'ail blanc a une tige molle qui se noue facilement. Et on n'a pas besoin de couper ses fleurs avant de récolter.

C'est plus de travail avec l'ail rose. On doit sectionner la fleur à 50 centimètres avant de laisser sécher sur pied la hampe florale qui prend alors le nom d'ail bâton. C'est le despoulinage que l'on fait début juin. Songez que la parcelle fait un hectare, que l'opération s'effectue à la main, ce qui promet des petits maux de dos à la fin de la journée. C'est encore plus vrai quand on sait que la moyenne des 160 exploitations d'ail rose de Lautrec est de 2 ha. (La superficie de Jean-François Tournié est de 3 ha)

C'est un marché de niche mais il est dynamique grâce au Label rouge. De ce fait Lautrec est le troisième canton français en terme d'installations agricoles. un tel résultat ne s'est pas fait en un jour mais il est remarquable.

Un des soucis majeurs est la pourriture blanche, une moisissure qui s'installe autour de la tête et pour laquelle il n'existe pas de traitement. Le seul "remède" est alors d'arracher sans état d'âme et surtout de cultiver en rotation de 5 ans avec le blé et le tournesol. Voilà pourquoi il y a tant de champs d'un jaune éclatant dans la région.
Les jachères fleuries(sarrasin, cosmos, bleuet) alternent aussi. Jean-François Tournié est sensible aux paysages. Il avoue pouvoir rester cinq minutes à contempler un coucher de soleil.

Beaucoup de travail avant d'arriver à la présentation en manouille 
C'est au fur et à mesure des besoins qu'on dépendra une barre et qu'on préparera les fameuses manouilles dont Jean-François me parle avec la voix chantante. Il s'agit de couper proprement les racines au sécateur en faisant tomber la terre encore présente sous le bulbe. Ce "déracinage" commence une fois le séchage de l'ail terminé, soit à partir de deux semaines après la récolte. Ensuite on raccourcit les queues et on retire les premières peaux pour faire apparaitre la couleur rose caractéristique.

On pèse ensuite les têtes sur une balance pour calibrer à 500g, 1kg ou 2kg cette botte qui sera liée à la ficelle rouge. Certains l'appellent tresse mais le terme est impropre puisque les tiges ne sont pas nattées. On devrait plutôt employer le terme de grappe, ou ce mot occitan de manouille pour désigner ce conditionnement en bouquet destiné à la vente (photo ci contre). Pour donner une idée du travail Jean-François Tournié précise que quelqu'un qui traite 5 kilos de manouilles à l'heure est un bon travailleur.

De fait, on voit dans tout le village de Lautrec des personnes qui se livrent à cette opération d'emmanouillage et qui vendent quasiment en direct.
Une conservation de plusieurs mois

Les paquets restent sur place, sur ces barres, tête en bas, tout l'hiver. Il n'y a qu'en cas de gelée en-dessous de moins 12°C qu'on devra les rentrer. Cela s'est déjà produit.

Il y a deux hangars ici et on prélève chaque semaine au fur et à mesure les quantités nécessaires à l'expédition vers la coopérative, en grappe, manouille ou plateau de 5 kg.

S'il n'y avait que sa couleur cela ne mériterait guère tous ces efforts. Elle se conserve un an si on la stocke dans un endroit sec et aéré. Jean-François conseille donc à la ménagère d'acheter son ail en septembre et de le garder à température constante.

Elle devient sucrée à la cuisson et son arôme est incomparable. Une tête non épluchée à côté d'un rôti change le plat. J'ai appris que 20 minutes de cuisson suffisaient et qu'il était préférable donc de l'ajouter en cours de cuisson plutôt que de la mettre dès le début.
Tout le monde dans la région semble être prêt à se lever à l'aube pour "aller aux champignons". C'est un sujet de conversation récurrent. Jean-François en avait lui aussi un plein saladier sur la table de sa cuisine. Des piboulades qu'il a ramassées au pied d'un peuplier, plus connues au Nord de la Loire sous le nom de pholiotes ... du peuplier.

L'ail relève à merveille des champignons poêlés. Et je me suis régalée. Vous connaissez peut-être la soupe à l'ail, fameuse Sopa de Ajo qui est souvent servie en Espagne, mais voici la version Ail Rose de Lautrec, parait-il aphrodisiaque, très prisée par Henri IV (Pau n'est pas si loin) qui donc n'aurait pas que la poule au pot à son actif culinaire :

Porter à ébullition 2 litre d'eau, y jeter 10 gousses d'ail pilé, 1 blanc d'oeuf, sel, poivre et laisser cuire 3 minutes. Ajouter 150 g de vermicelle et laisser pour 3 nouvelles minutes.
Préparer une mayonnaise avec le jaune, poivre, sel, 1 cuillerée à café de moutarde et huile. La délayer avec une louche de bouillon tiède puis incorporer totalement délicatement à la soupe.

Des spécialités qu'on trouve à la Ferme au Village
L'ail est aussi, si je puis dire, employée à toutes les sauces, une fois transformée par l'expertise de Françoise Carayol. Elle s'est spécialisée dans la fabrication artisanale de produits à l'ail et vinaigres. Vous trouverez dans sa boutique La Ferme au village toutes sortes qu'elle vous fera goûter : vinaigre de miel, de cidre, même de bière sans oublier les "classiques" de vin. Tous parfumés à l'ail.
Elle est installée 4 rue du Mercadial - 81440 Lautrec  (tel : 05 63 74 83 86 ou 06 85 62 26 78). Vous pourrez trouver ses produits sur son site sans avoir besoin de vous déplacer, mais vous raterez la dégustation. Et tant qu'à faire venez à Lautrec le premier vendredi du mois août. On y célèbre légitimement cette plante chaque année ce jour là.
 
Françoise est aussi teinturière que cuisinière ... employant le pastel pour colorer une myriade de vêtements dans des tons de bleus plus ou moins soutenus. La plante n'est pas particulièrement jolie.  Une crucifère qui ressemble à un petit chou, facile à cultiver et qui ne craint pas le froid. Ses propriétés ne sont pas visibles à l'oeil nu sur le pot que j'ai photographié. Pas davantage dans la cocagne que Françoise tient entre ses doigts.

Pour en savoir plus sur le sujet et sur la "cuisinière-teinturière" je vous invite à lire le portrait que j'ai fait d'elle. D'autres billets sur le Chemin de fer touristique du Tarn, l'église de Giroussens, la belle cité médiévale de Lautrec, son moulin et le calvaire de la Salette, le site du Castela de Saint-Sulpice-La-Pointe et sur le domaine de l'Orguennay. Il suffira de cliquer sur une image pour pouvoir lire le billet correspondant.

 
  
Merci à Thierry du Domaine de L'Orguennay de m'avoir facilité ces découvertes.

Le village médiéval de Lautrec (Tarn)

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A quinze kilomètres de Castres et Graulhet, et trente kilomètres d’Albi, la cité médiévale de Lautrec se trouve au coeur du département Tarnais. La capitale de l'ail rose, demeure une très belle cité médiévale où l'on imagine immédiatement des personnages en costume. Il ne serait pas étonnant de voir débouler un mousquetaire au détour d'une de ses rues étroites.

On aime y faire la fête. Outre la fête de l'ail ou celle du sabot et des vieux métiers, toutes deux en août, on célèbre aussi la fête du Pain et du Goût et à partir de la Saint Jean beaucoup de maisons ont un bouquet d'épis de blé pendu à leur porte en guise de protection.

On prend aussi plaisir à déambuler au petit bonheur pour découvrir les fortifications, les maisons à colombages, les halles du XVe, entrevoir les anciens silos souterrains, et grimper jusqu'au moulin à vent.
La place centrale est déserte. Il faut dire qu'il fait très chaud et que les touristes se réservent probablement pour les prochaines fêtes. Seules quelques mamies taillent la bavette là l'ombre des anciennes Halles.
En face, la rue de la Caussade.
Ici personne ne parle de calade, comme on le ferait en Provence. Pourtant la plupart des rues sont pavées de galets du Rhône ou empierrée de pierres calcaires. Et calader est bien un terme signifiant paver, empierrer.

La rue du moulin est typique de cet art. Elle grimpe jusqu'au moulin dont on devine les ailes.
Ce moulin se visite. Ses ailes claquent dans le vent, puissant sur le promontoire. C'est, dit-on signe qu'on fera beaucoup de farine.
Du haut de son piton rocheux, le Calvaire de la Salette nous offre une vue superbe sur la vallée de l'Agoût, la Montagne Noire et les Pyrénées.
La collégiale de Saint Rémy, monument historique classé du XIVe siècle,
Le sentier botanique tournicote jusqu'au sommet de la colinette. Beaucoup de plantes locales, évidemment, certaines éblouissantes d'un bleu électrique comme la sauge sarclée. La récompense est d'y apercevoir les Montagnes noires ...
... et les nombreux plans d'eau jouant à cache-cache entre les branches tourmentées d'un pin d'Alep.
Les papillons sont nombreux et déploient tranquillement leurs ailes comme des tableaux.
A la fin de la journée, une fois partis les derniers visiteurs, le gardien du moulin replie les ailes par sécurité comme on le faisait autrefois.
Les pigeons continuent leurs allers et venues. Ils étaient de précieux alliés des agriculteurs en fumantde leurs fientes les champs de pastel.
Lautrec est ceinte de hautes fortifications.
On rejoint le centre en franchissant les remparts par la porte Caussade qui débouche sur le théâtre de plein air, en bordure duquel on peut encore apercevoir les anciens silos à grains, enterrés.
Profitez de votre séjour pour aller voir la cuisiniè-teinturière Françoise Carrayol dans sa Ferme au village. Vous y serez bien reçu ... même si vous ne pensez pas à dire que vous venez de ma part.
Autres billets sur le Chemin de fer touristique du Tarn, l'église de Giroussens, l'ail rose de Lautrec, le site médiéval du Castela de Saint-Sulpice-La-Pointe et sur le domaine de l'Orguennay. Il suffira de cliquer sur une image pour pouvoir lire le billet correspondant.
 
   
Merci à Thierry du Domaine de L'Orguennay de m'avoir facilité ces découvertes.
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Je vous recommande de cliquer (doucement) sur la première photo pour activer le diaporama de l'ensemble. Je télécharge dorénavant les images en haute définition. L'opération ralentit sans doute l'affichage sur votre écran mais elle permet de les regarder ensuite "comme si vous y étiez".

Françoise Carayol, la cuisinière-teinturière de la Ferme au village de Lautrec (Tarn)

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C'est une de ces rencontres qui ne s'oublient pas. Françoise Carayol est experte en bien des domaines. Aussi passionnée que passionnante elle ne se lasse pas de vous faire découvrir ses recettes à base d'ail, un produit qu'elle affectionne autant qu'Astérix aime sa potion magique.

Ne croyez pas qu'elle soit née dans un champ d'ail. Son premier métier fut de gaver les canards. Elle l'exerça 20 ans ... attention, sans sauvagerie, les animaux vivant sur litière et restant libres de leurs mouvements.

Et puis la vie lui a proposé un autre chemin. Elle s'est spécialisée dans la fabrication artisanale de produits à l'ail et de vinaigres parfumés. Et elle a ouvert cette boutique La Ferme au village il y a dix-huit ans.

Elle a accumulé une énorme expérience. Vous trouverez chez elle des vinaigres de toutes sortes qu'elle vous fera goûter : vinaigre de miel, de cidre, même de bière sans oublier les "classiques" de vin. Tous parfumés à l'ail ... cet ail rose de Lautrec qui a de merveilleuses spécificités et dont je vous parlais il y a quelques minutes.

Difficile ensuite de choisir. Tout est tentant. J'ai testé le soir-même la vinaigrette à la fleur d'ail qu'elle fait à partir des fleurs (bio) mixées après leur récupération dans les champs. Ces flacons ont tellement de succès qu'elle dit en riant qu'elle ne les tient pas.

Beaucoup d'expressions métaphoriques ponctuent les explications quelle donne de sa voix chantante.

Ainsi l'ail rose de Lautrec a la particularité de ne pas reprocher, sous-entendu elle ne vous donnera pas une haleine repoussante.

Son vinaigre de miel est fait à partir d'un miel tarnais, celui d'un apiculteur de Trébas, sorte d'hydromel élevé en fut de chêne. Il est doux, antiviral et antiseptique, très agréable pour déglacer une poêlée de légumes. C'est celui que j'ai retenu.
Le vinaigre de cidre est selon elle anticholestérolémique et ferait chuter la tension. Son vinaigre de vin est élaboré à partir de vin de Gaillac, c'est une évidence. Il entre dans la composition du vinaigre des sorcières, mélange d'orange et d'épices, qui fera merveille en déglaçage de viande blanche.

La menthe poivrée qu'elle emploie est celle de son amie Catherine de Milly-la-Forêt (en région parisienne, une référence en la matière).

Elle travaille par macération et non par arômes volatiles comme le font tant d'autres producteurs, 60 bouteilles à la fois. Nous avons quasiment joué aux devinettes et tout était parfait, que ce soit au fenouil, à l'anis étoilé ... Je me plante pas trop sur les dosages, dit-elle, et je l'approuve.

Les "Douceurs de vinaigres" sont ses dernières créations, toujours maison. Elaborées à partir de vinaigres artisanaux, d'épices et de sucre biologique. Elles s'utilisent de l'entrée jusqu'au dessert, en passant par les viandes ou le poisson. Pour les salades, en remplacement du vinaigre habituel, pour préparer des sauces aigre-douces, pour caraméliser une viande, en décoration d'assiette, en fin de repas avec le fromage, sur des desserts, tartes, fromage blanc, crêpes, glace... ou tout simplement en guise de sirop avec de l'eau fraîche.

J'ai été très agréablement surprise par une Douceur de vinaigre à la cardamone que je vois bien sublimer un foie gras, ou surprendre sur un poisson.

Je suis repartie avec une Douceur de vinaigre à la cannelle (très claire) que je testerai bientôt, un échantillon d'une autre au gratte-cul (très foncée, composée de sucre, vinaigre de miel, cynorrhodon, et hibiscus) annoncée pour convenir aux viandes rouges et aux gibiers, au fromage de brebis et à tous les desserts.

Elle peut aussi bien apporter une note supplémentaire, avec ce trait sur l'assiette que tous les chefs font spontanément désormais.

L'ail est ainsi chez elle, si je puis dire, employée à toutes les sauces, une fois transformée par l'expertise de Françoise, y compris en diverses crèmes et chutneys.

Elle est installée 4 rue du Mercadial - 81440 Lautrec (tel : 05 63 74 83 86 ou 06 85 62 26 78). Vous pourrez trouver ses produits sur son site sans avoir besoin de vous déplacer, mais vous raterez la dégustation. Et tant qu'à faire venez à Lautrec le premier vendredi du mois août. On y célèbre légitimement cette plante chaque année ce jour là.
Elle commercialise des conserves (de canard entre autres) mais sa seconde grande spécialité est le pastel. Elle distribue donc les produits de la Compagnie du Pastel qui travaille en partenariat avec des artisans locaux, qui sont les seuls à détenir et perpétuer un véritable savoir-faire ancestral, lié à  l'histoire du département ou de la région, extraction de pigment, teinture végétale, tricotage, tissage, confection, cosmétique, peinture, beaux-arts.
 
Françoise est aussi teinturière que cuisinière ... Elle avait visité Lectoure, la capitale du pastel vingt ans en arrière et depuis quatre ans elle s'emploie à colorer elle-même une myriade de vêtements dans des tons de bleus plus ou moins soutenus.

Les tissus plongés dans le bain colorant ressortent jaunes, puis verts et c'est l'oxydation de l'air qui leur donne leur couleur bleue, qui restera définitive. il faut tout de même 7 bains successifs pour garantir le "grand teint".

La plante n'est pas particulièrement jolie. Une crucifère qui ressemble à un petit chou, qui fleurit jaune, facile à cultiver et qui ne craint pas le froid, mais qui n'aime pas l'eau. On la coupe deux fois, parfois on peut aller jusqu'à quatre récoltes successives. L'an dernier fut catastrophique et on est quasiment en rupture de pigment.
Ses propriétés ne sont pas visibles à l'oeil nu sur le pot que j'ai photographié. Pas davantage dans la cocagne que Françoise tient entre ses doigts.

La cocagne, c'est la boule de feuilles écrasées et compactées à la main par les cultivateurs de pastel.  après macération dans l'eau. A ce stade les feuilles fermentées dégagent une odeur nauséabonde. Elles seront broyées pour former une pâte (d'où le mot pastel, de pasta). Cette opération se faisait dans des moulins à pastel. Il y en avait 7 autrefois à Lautrec.

Des boules, de la taille d'un melon, vont se rétracter en séchant et condenser l'indigostine de pastel., devenant faciles à transporter. Il faut une tonne de feuilles pour obtenir 2 kilos d'or bleu. Les boules seront vendues sèches aux fabricants de teinture à un cours tellement élevé que toute la filière du pastel devint vite extrêmement riche. La zone de culture se trouvait dans le triangle Albi-Carcassonne-Toulouse, qui devint le "pays de cocagne", synonyme de paradis, entre les années 1450 et 1600.

Les marchands pasteliers étaient plus riches que le roi. C'est à eux que l'on doit la construction de nombreuses cathédrales, comme celle d'Amiens. Ils commerçaient dans toute l'Europe. C'est un pastelier qui a payé la rançon de François 1er pour le tirer des griffes de Charles Quint. Et comme le pastel était très cher il devint la couleur de la noblesse.

Puis il y eut du trafic, certains mixant les plantes avec des cailloux. On entendit parler d'une plante venant des Indes, l'indigo qui donnait un résultat comparable. Le pastel déclina. Avec un regain quand Napoléon, suite au blocus avec les Indes, remis en route quelques productions parce qu'il avait besoin de teinture pour les uniformes de son armée.

Autres billets sur le Chemin de fer touristique du Tarn, l'église de Giroussens, la belle cité médiévale de Lautrec, son moulin et le calvaire de la Salette, le site du Castela de Saint-Sulpice-La-Pointe et sur le domaine de l'Orguennay. Il suffira de cliquer sur une image pour pouvoir lire le billet correspondant.
 
    
Merci à Thierry du Domaine de L'Orguennay de m'avoir facilité ces découvertes.

Le site médiéval du Castela de Saint-Sulpice-La-Pointe (Tarn)

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Après le chemin de fer touristique du Tarn, l'église de Giroussens, Lautrec, son ail rose et le pastel me voici à Saint-Sulpice-La-Pointe qui doit son nom à la confluence entre deux rivières, le Tarn et l'Agout.

La ville a peut-être le plus beau clocher-mur (ou clocher-donjon) du midi toulousain, symbolique de la victoire de l'église sur les Cathares.

Mais ce que je suis venue visiter se situe sous la terre.

Il s'agit d'un lieu unique dans tout Midi-Pyrénées, un remarquable souterrain refuge aménagé, qui offre aux amateurs de sensations, un endroit mystérieux et riche en histoire.

Cet ouvrage témoigne de la vie au Moyen-âge quand, en période de danger, les habitants allaient se réfugier dans des souterrains parce que les chateaux-forts n'existaient pas encore.

Creusé au pic de fer, dans la motte castrale au dessous du château (en ruine, photo ci-contre), sa conservation est intacte. On y pénètre aujourd'hui par cette porte de fer qui n'est plus dissimulée. Car le souterrain du Castela est désormais un site accessible à tous, devenant un vestige de l’histoire qui abrite des contes et légendes, héritage de toute une vie longtemps demeurée secrète.
Long de 142 mètres, les voûtes des galeries sont encore parfaites. Les murs sont constellés de niches à lampes. On y découvre des salles à vivre, les anciens silos, des points d'eau aménagés comme celui-ci ...
Pour ne pas monopoliser en quelque sorte le fil d'actualité du blog j'ai inséré cette balise pour "lire la suite" afin que seuls ceux qui souhaitent la totalité du compte-rendu y aient accès. Une fois le lien activé, je vous recommande de cliquer (doucement) sur la première photo pour activer le diaporama de l'ensemble. Je télécharge dorénavant les images en haute définition. L'opération ralentit sans doute l'affichage sur votre écran mais elle permet de les regarder ensuite "comme si vous y étiez".

Il faut prendre son billet à l'Office du tourisme qui a récemment été construit à proximité, si bien que tout est concentré dans un petit périmètre : le château du Castela, le souterrain médiéval, le pigeonnier et son musée, unique dans le Sud.

Le départ des visites se fait à l'accueil de l'office à partir de 2 adultes payants. L'objectif est de montrer l'endroit au maximum de personnes. le seul conseil que je me permettrait de donner est de se couvrir chaudement parce qu'il y fait très frais... en été.

En basse saison, du 1er janvier au 14 juin 2014, il est ouvert tous les jours sauf le lundi avec 3 horaires de départs en visites : 14h30 - 15h45 - 17h
En haute saison, du 15 juin au 14 septembre 2014, 4 départs ont lieu tous les jours - du lundi au dimanche : 14h30-15h30-16h30-17h30

On connait surtout des souterrains de fuite qui avaient, évidemment une entrée et une sortie distinctes. Il y en a d'autres qui forment des carrières où on a prélevé des matériaux servant à la construction.

Il en existe d'un troisième type, les souterrain-refuge, qui en fait n'ont été découvert que depuis une cinquantaine d'années.

On en compte 350 rien que dans le Tarn. C'est dire l'importance de ce moyen pour sauver sa vie en cas d'invasion et de pillages. Et on devine que ces opérations étaient nombreuses. Cela fait frémir d'imaginer comment vivaient les gens au Moyen-Âge, quand ils dépendaient à ce point les uns des autres.

L'endroit est donc clos, fermé, avec une seule issue à garder, jour et nuit. Avec un système de guetteur.
On se présentait à l'entrée et on chuchotait le mot de passe dans le petit trou où pointe une minuscule lumière :
Si le mot est correct une sorte de mini pont-levis de bois est abaissé et on peut entrer. Sinon on tombe dans la fosse que l'on aperçoit sur la photo suivante.
Le guetteur, lui est de l'autre coté du mur, à environ deux mètres dans une excavation plus conséquente, mais tout de même étroite.
Les traces des lampes à huile utilisées par nos ancêtres sont nettement visibles à distance régulière dans des excavations creusées dans les parois.
Droit devant s'étend un couloir pas très large quand on songe que tout le village se retrouvait là, hommes, femmes, enfants et petit bétail. Au total ce sont 142 mètres de galerie.
Evidemment, pas question d'y installer du mobilier. On dormait à même le sol, parfois plusieurs jours d'affilée. le seul à disposer d'une couchette, une simple planche de bois, mais une couchette tout de même était le gardien dont on visitera la "chambre" juste avant de sortir (par l'entrée ... vous suivez ?)
 
Les gens du village descendaient en cas de danger et comme ils étaient très superstitieux ils laissaient des petites statues un peu partout pour conjurer les mauvais esprits. Plus loin on verra ce qui évoque nettement un lieu de culte religieux.
Les traces des aménagements de l’époque. sont clairement compréhensibles pour qui s'y connait un tant soit peu. On remarque l'emplacement de plusieurs puits car il fallait bien avoir de l'eau. Un puisatier collaborait donc systématiquement au creusement d'un tel refuge.
De la même manière on avait besoin de toilettes. Des toilettes sèches en l'occurrence.
Plusieurs pièces à vivre s'intercalaient entre d'autres, employées pour les commodités.
On y stockait de la nourriture, parfois dans des jarres, parfois directement dans ce qui préfigure les silos de conservation dans une structure de poire caractéristique où la nourriture était descendu d'avance.
Les routiers terrorisaient les campagnes. Les gens ne savaient pas se battre. Mais ils parvenaient à se défendre en quelque sorte.
Voici une autre salle de vie qui a connu un autre utilité pendant les guerres de religion. Tout a été brulé pendant ces guerres à Saint Sulpice. Une deuxième entrée a alors été crée.
 Le souterrain a été réaménagé et a permis de stocker des ballots de laine.
Pendant la seconde guerre mondiale il a abrité des résistants.
La petite chapelle est particulièrement émouvante, avec ses inscriptions gravées dans le mur et ses graffitis d'époque ... ou pas car il est difficile de dater ceux qui sont anciens et d'autres plus récents.
La protection divine était essentielle.

Une pause est effectuée dans une des salles pour relater l'aventure de la duchesse du Berry, Jeanne de Boulogne et d’Auvergneconnue pour être la plus grande faussaire du 15ème siècle. Elle se réfugia au château du Castela, vers 1418, et se servit de ce lieu secret et obscur pour y faire battre monnaie. De la fausse monnaie qui est tout de même un trésor ... jamais retrouvé à ce jour.

On ressort par là même où on est entré. Avec l'envie de grimper pour observer les ruines du château du Castela. Véritable forteresse (aujourd'hui en ruines) ce lieu de garnison comprenait vers 1250, des salles d'armes, un chemin de ronde et un donjon.
Les guerres de religion l'ont détruit.
Le chemin s'enroule autour de la motte castrale et on peut apercevoir au lin le fameux clocher-mur de l'église.
Restera à visiter ensuite le pigeonnier qui s'inscrit parmi les 1700 que compte le département du Tarn. vaste programme.
Celui ci, de plan carré, a été construit en briques foraines en 1810. Son intérêt architectural et patrimonial est important. Il est de type toulousain à double deux pentes, céramique complexe sur le faîte du toit, avec une plate-forme d'envol en forme de bénitier.

Autres billets sur l'église de Giroussens, le chemin de fer touristique du Tarn, l'ail rose de Lautrec, le pastel et le village de Lautrec, et sur le domaine de l'Orguennay. Il suffira de cliquer sur une image pour pouvoir lire le billet correspondant.
  
Merci à Thierry pour ces rencontres.

Le Domaine de l'Orguennay à Giroussens (Tarn) des chambres d'hôtes où l'on est bien reçu

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Comme beaucoup de gens j'avais entendu parler du Domaine de l'Orguennay par l'émission de télévision Bienvenue chez nous. Ayant fait une expérience un peu malheureuse, ou du moins très insatisfaisante l'an dernier avec ce type d'hébergement en Normandie je n'avais pas particulièrement envie de retenter l'aventure.

C'est d'autant plus dommage que le principe me convient tout à fait. Il n'y a rien que je préfère davantage que de partager le quotidien de mes hôtes. Même quand je vais dans un 5 étoiles ... vous en aurez bientôt la preuve.

Je ne me suis pas intéressée à l'Orguennay de prime abord. Il faut dire que le passage du propriétaire et de sa fille dans l'émission ne servait pas particulièrement leur cause. Je sais bien que ce type de tournage est scénarisé. J'ai failli en faire les frais quand j'ai enregistré le second épisode de Coté cuisine avec Julie Andrieu en 2009. Je raconte ces moments mémorables dans un billet intitulé Comédienne pour Coté cuisine. Je ne dis pas tout, mais je peux vous avouer que cela m'a "vaccinée" de ce genre de comédie. Et encore, je m'en suis tirée avec les honneurs.

Je comprends donc qu'une telle expérience laisse un traumatisme quand on a le sentiment (et il est justifié pour l'Orguennay) d'avoir été floué.

Les hasards de la vie ont fait que me trouvant dans cette vallée du Tarn j'ai pu me rendre sur place et passer 48 heures en compagnie de Thierry et Martine Deyts. C'était, je peux vous l'assurer, bien plus beau et plus sympa qu'à la télé. Prêts pour le tour du propriétaire ?

On arrive dans la cour gravillonnée (on adore tous le bruit des roues sur les petits cailloux, promesse d'un je ne sais quoi de magique) en franchissant un portail qui cela ne s'invente pas, est surmonté d'un M et d'un D entrelacés. Un détail qui d'emblée a séduit les futurs propriétaires à leur première visite.
La façade arrière témoigne de l'importance de cette ancienne maison de maitre, résidence secondaire d'un propriétaire terrien fortuné (on peut voir à coté l'ancienne maison du gardien et de multiples granges transformées en habitation depuis), aux murs épais, aux vastes pièces, ouvrant sur un jardin à l'allure de parc.

Elle se prolonge avec une terrasse gardée par une paire de lions aussi pacifiques que majestueux. Il y a quelque chose d'italianisant dans cet endroit.

La grande table fait seigneuriale, surtout avec les hautes chaises de velours. Pourvu qu'il fasse beau pour y dîner. Sinon on se repliera dans la salle à manger commune, et sa cheminée monumentale.

En contrebas Thierry me montrera la préfiguration d'agrandissement pour de nouveaux projets qui, comme le dira Martine avec philosophie, sont les brouillons de la suite de notre vie.

On voit que le travail ne les effraie pas, et je les crois sur parole quand ils me racontent ce qu'ils ont entrepris ... avant, pour que le domaine devienne ce qu'il est aujourd'hui.

Vu de loin on pense qu'avoir des chambres d'hôtes est un métier facile mais les contraintes sont fortes. On se sent "l'employé de soi-même" et les natures perfectionnistes sont comme les abeilles : elles ne s'arrêtent jamais.
Quand on respecte un lieu les améliorations paraissent naturelles et on oublie l'ampleur de la tâche.
Autrefois on travaillait avec les bêtes qui parfois s'égaraient sur le chantier, comme en témoigne ces empreintes de pattes de chat et de ce qui pourrait avoir été un dindon dans l'argile des briques mises au séchage.
Thierry et Martine sont attachés à ces petites choses, même s'ils ont déménagé. La région natale de Martine est présente ici, d'une curieuse manière puisque L'Orguennay est le nom d'un village situé tout près du lieu de naissance de Martine. C'était aussi le nom des gites qu'ils possédaient en Haute-Savoie.
Le parc doit réclamer beaucoup d'entretien mais personne ne se plaindra. Quand on aime (la nature) on ne compte pas. Le majestueux cèdre du Liban (à gauche) comme l'ultra vieux murier (à droite) sont autant choyés et motif de fierté.
Et parce que les arbres doivent être pensés pour les générations futures Thierry a planté un figuier, dont peut-être il ne récoltera pas les fruits. Mais qu'importe ...
Celui-ci est en bordure de la limite du terrain, surplombant une pente douce cultivée en luzerne. Nous sommes tout près de la piscine, idéalement placée à l'abri des regards, et face à une nature généreuse.
Le pool house a été repeint en rouge basque. Cet espace s'organise autour d'une cuisine d'été. Tout autour des rosiers anciens embaument et offrent des fleurs fraiches en permanence pour parfumer la maison.
La cheminée, immense, en impose mais je vous certifie qu'on s'habitue très vite à son confort.
L'escalier conduisant à l'étage est en pierre, nouvelle preuve de la fortune du premier occupant. Les marches usées étaient réparées comme on le ferait d'une mosaïque.
C'est en haut que se trouvent les trois chambres d'hôtes. La Glycine a des allures de suite, avec un salon où on a immédiatement envie de faire une halte pour un peu de lecture.
La chambre a deux lits, de belles poutres et une petite fenêtre (petite mais suffisante) qui donne sur le parc.
Un vitrail apporte astucieusement de la luminosité aux toilettes.
Une porte assure une sortie indépendante plutôt romantique, enfouie dans la glycine.
Dans la salle d'eau, en harmonie de couleur avec la chambre, Martine a tenu à placer savon, gel douche et lait de la Compagnie du Pastel (spécialité régionale) dont le parfum, un mélange de rose et de violette est tout simplement divin.
La deuxième chambre s'appelle ... Bleu Pastel, évidemment. Heureuse combinaison de modernité et d'authenticité, avec son sol de tomettes, sa cheminée (la plupart des cheminées de la maison sont en état de fonctionnement).
La troisième, Bois de Santal s'organise autour d'un moucharabieh. C'est le reflet de la piscine que l'on devine dans la vitre.
Chacune a son charme particulier. L'espace privé est restreint, ce qui témoigne de la générosité des propriétaires. Il n'y a guère que leur chambre et ce salon qui ne soient pas en libre accès.
S'ils connaissent bien la région et sont prêts à faire découvrir toutes ses ressources à leurs hôtes (voir billet suivant) ils ne se comportent pas en agence de tourisme et c'est heureux. L'espace informatif est cantonné au dessus d'un tonneau dans l'angle de la pièce commune.
Un séjour à l'Orguennay ne s'oublie pas. Les chambres d'hôtes sont non seulement élégantes et confortables mais la table est savoureuse. Preuve s'il en faut en cliquant sur la tarte.
Tous renseignements et réservations sur le site du domaine : http://www.domainelorguennay.com
Bon à savoir : Thierry et Martine vous feront bénéficier d'une promotion en août et septembre 2014 sur une demi pension à 80 euros /deux personnes à partir de 5 nuitées et plus.

Enfin vous pouvez avoir un aperçu de quelques visites possibles dans cette vallée du Tarn en lisant les articles publiés les 13, 14 et 15 juillet 2014.
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Je vous recommande de cliquer (doucement) sur la première photo pour activer le diaporama de l'ensemble. Je télécharge dorénavant les images en haute définition. L'opération ralentit sans doute l'affichage sur votre écran mais elle permet de les regarder ensuite "comme si vous y étiez".

L'hospitalité de Thierry et Martine du Domaine de l'Orguennay (Tarn)

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Hospitalité, voilà un mot très galvaudé qui prend toutefois tout son sens quand on partage du temps avec Thierry et Martine, dans leur domaine de l'Orguennay. Ils aiment cette vallée tarnaise où ils se sont installés il y a quelques années, sans renier les racines qu'ils avaient laissé pousser en Haute-Savoie.

C'est par fidélité qu'ils ont appelé cette maison l'Orguennay, sans être nostalgiques pour autant de leur ancienne région. Il faut les entendre argumenter en faveur de tel ou tel village, le plus beau de la vallée à leurs yeux encore neufs pour en être convaincu.

Ils sont fiers des performances régionales. Comme celle du nombre de pommiers, 55 000 qui en font le plus grand verger de France.

Leurs caractères sont très différents. Thierry est expansif. Si vous le sollicitez il se rendra disponible pour vous faire découvrir les spécialités locales, qu'elles soient humaines, architecturales ou gourmandes.
Il peut tout aussi facilement vous emmener à la rencontre d'un producteur d'ail que de maïs doux, ou vous faire arpenter un champ de courges. On ne serait pas surpris d'apprendre qu'il part en reportage avec Antoine de Maximy, le baroudeur de l'émission J'irai dormir chez vous ou qu'il lève l'ancre pour entreprendre le tour du monde en bâteau.
Christian Raynaud tient une place particulière parmi toutes les personnes que Thierry m'a fait rencontrer. Il exploite la Ferme de la Ramière à 81500 Giroussens  05 63 48 83 01. Il a commencé avec nous la récolte du maïs doux, une vraie gourmandise qu'on a croquée en plein champ comme d'autres mangeraient une pomme.

Il pratique la récolte à la main, chaque semaine, entre le 15 juillet et jusque début octobre pour vendre ensuite les épis sur les marchés.
Il a aussi planté un hectare de cucurbitacées de tous ordres. Aussi bien le melon Gallia (à gauche), brodé, qui sera jaune une fois mur, à la chair vert clair, douce et sucrée, plus juteuse que le melon classique, dit Charentais.
On trouve aussi la Butternut
la courge spaghetti et le potimarron (ci-dessus)le musqué de Provence (ci-dessous)
et même la pastèque qui atteindra facilement les 5 kilos. Je crois qu'il tente aussi une variété géante qui pourrait avoisiner les 35 ... kilos.
Si vous en avez envie Thierry vous montrera sans doute les meilleurs coins où "aller aux champignons", sorte de sport local pratiqué par tout le monde. Lui-même a récolté 20 kilos de chanterelles la saison passée. Et il a toujours des cèpes à portée de main, frais ou en conserve (maison cela va de soi).
Il connait très bien la nature, s'arrêtera au moindre cri d'oiseau, vous apprendra à reconnaitre celui du faisan qui résonne de quatre petits coups successifs et pilera net en apercevant une huppe. Il est passionné tout autant par les papillons et les vieilles pierres. Il vous fera grimper dans un clocher,  descendre dans un souterrain, vous entrainera aussi rapidement dans un parcours ferroviaire que sur une piste d'atterrissage pour ULM.
Cet U.L.M. pendulaire a décollé au-dessus de nos têtes avant de prendre l'allure d'un gros insecte vrombissant. C'est un aéronef sustenté par une voilure rigide (type deltaplane) sous laquelle est généralement accroché un chariot motorisé. Sa vitesse de décrochage est inférieure ou égale à 65 km/h et son autonomie est de 2 à 3 heures de vol.
Voici le même au sol, dans le hangar de la base ULM de la Ramière qui vient de fêter ses vingt ans d'existence. A l'époque il fallut beaucoup de volonté pour faire vivre ce qui s'apparentait alors à un rêve.
A coté on dirait un avion mais c'est encore L'ULM. Celui-ci est dit "multiaxes". On peut y être confortablement assis à l'intérieur à côté de l'instructeur, protégé du vent. Si j'étais restée plus longtemps je me serais laissée tenter par un vol avec Marc Axisa le pilote instructeur et créateur de la base.
On peut voler plus loin avec un tel engin, aux alentours de 200 km/heure, avec évidemment davantage d'autonomie.
Mais vous pourrez aussi bien savourer le calme de la piscine d'où vous aurez une vue imprenable sur la vallée. Si vous ne voulez pas parler, libre à vous. On respectera votre rythme et vos envies.

C'est Thierry qui cuisine les plats salés de la table d'hôtes du domaine. Et c'est peu dire qu'on s'y régale. La balance de boucher qui trône dans sa cuisine rappelle ses débuts dans le métier où il exerce depuis quarante ans.
Il aime les plats longuement mijotés. Quand il annonce un parmentier de canard comptez deux bonnes heures avant d'envisager passer à table. Quand il faisait une reblochonnade, au temps où il officiait dans les montagnes, il cuisait les pommes de terre Charlotte 2 h 30 à toute petite flamme, pour les servir juste fondantes.

Il vous donnera sa recette de la tartiflette sans ouvrir un livre : on beurre un plat allant au four; on y pose dans tranches de pommes de terre coupées pas trop fines (disons 8 mm); on sale et poivre; on ajoute des lardons; on remet une couche de patates,puis une de lardons; enfin on pose des tanches épaisses de reblochon ...

... et c'est là qu'il vous surprendra car le secret arrive au moment où vous ne vous y attendez pas : il recouvre d'une pâte feuilletée, badigeonne de lait, trace quelques croisillons au couteau et enfourne pour 1 h 20 à 180°.
Pendant que le parmentier achève de mijoter Thierry et Martine vous convieront dans la salle commune à boire un verre en grignotant quelques petites tartines comme celles-ci, juste grillées puis recouvertes d'un tartare de saumon fumé haché au couteau, assaisonné avec une échalote émincée et avec une sauce montée comme une mayonnaise (avec une cuillerée de moutarde de Meaux, du poivre, du vinaigre balsamique, une cuillerée à café de sucre).

Et s'il ne fait pas très chaud (ça arrive, même en juillet !) un feu illuminera la cheminée. Un vrai bonheur !

Thierry aime employer les épices et les condiments comme ces vinaigres que nous avons ramenés de la Ferme au village de Lautrec. Il n'oeuvre pas en secret. La cuisine est ouverte et vous pouvez mettre la main à la pâte si la cuillère en bois vous démange. C'est une vraie table d'hôtes. Tout le monde dînera ensemble, en toute convivialité.
Un autre soir ce sera une omelette aux cèpes ou une simple mais gouteuse saucisse cuite enroulée sur elle-même avec des pommes de terre, et de l'ail bien entendu. Délicieuse servie avec un lit de salade.
Le Gaillac est un des plus vieux vignobles de France avec 2000 ans d'histoire. Le seul engrais autorisé était autrefois les déjections de pigeons (appelées "colombine"), d'où le nombre conséquent de pigeonniers encore visibles dans le vignoble. 

Les noms des cépages font rêver. En blanc Loin de l'oeil, Mauzac, Ondenc, Muscadelle, et le classique Sauvignon. En rouge, Duras, Braucol, Prunelart avec les connus Gamay, Merlot, et Cabernets. Le vin des Frères Raynaud, des voisins, s'accorde parfaitement avec de tels plats de terroir. Jean-Paul a des vignes. Mais c'est Christian qui fait pousser les melons que vous avez vus plus haut, sur un hectare très diversifié.
Le petit-déjeuner est l'occasion de comparer le miel local de son voisin provençal (celui des gagnants-concurrents mais néanmoins devenus amis de l'émission Bienvenue chez nousà laquelle il a participé). Il faut surtout goûter les créations confiturières de Thierry. Abricots-methe-orange, tomates vertes (délicieuses), compotée de figues-oranges-pruneaux, prune, fraises-menthe-orange-citron, gelée de coing-pruneaux-épices ... le choix est vaste.
Vous aurez remarqué le point commun que confesse spontanément Thierry : je mets presque toujours un peu d'orange. Cela parfume bien.

S'il vous promet un pot de sa réserve, il est probable que vous en trouverez deux au moment du départ : c'est si difficile de choisir qu'il y en aura de couleurs et de goûts différents.
Martine est plus secrète. Elle préfère rester dans son sweet home avec sa petite chienne Tiggy. Mais son sourire vous mettra aussitôt à l'aise. Sa sensibilité affleure partout dans la maison. C'est une artiste qui pour le moment n'exprime pas toutes ses compétences. J'ai été surprise qu'elle se prive d'un atelier alors qu'elle a tant de talent pour peindre de si jolies choses.
Elle est pressophile, c'est-à-dire qu'elle collectionne les fers à repasser. Egalement toutes sortes d'objets anciens, des seaux à charbon, des arrosoirs anciens ... une passion partagée d'ailleurs avec Thierry.
C'est elle qui a la responsabilité de la décoration. Elle a rénové l'armoire de la chambre Glycine. Ses choix contemporains sont tout autant réussis.

Elle enfile son tablier de pâtissière à votre insu et prépare de savoureux desserts. Comme cette tarte aux abricots et mirabelles que nous avons dégusté encore tiède au retour d'une longue virée découverte du patrimoine tarnais.
On peut dire que l'un et l'autre se complètent à merveille. je ne sais lequel des deux a prévu un bouquet de 7 épis de blé le jour de mon départ pour me porter chance ... Me croirez-vous maintenant quand je vous disais que l'hospitalité est conjuguée à tous les modes à l'Orguennay ?

Programmer une halte chez eux, c'est l'assurance de découvertes humaines et culinaires, dans un cadre idyllique, mais néanmoins simple comme en témoigne la visite des extérieurs et de leurs chambres d'hôtes en cliquant sur la porte.
Tous renseignements et réservations sur le site du domaine : http://www.domainelorguennay.com
Bon à savoir : Thierry et Martine vous feront bénéficier d'une promotion en août et septembre 2014 sur une demi pension à 80 euros /deux personnes à partir de 5 nuitées et plus.
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Petit déjeuner au relais & Châteaux Michel Trama, chez Maryse et Michel Trama

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J'ai passé 48 heures auprès de Michel, Maryse et Christopher Trama et je ne sais pas par quoi commencer pour vous raconter quelques-uns de ces moments. Cette famille est comme un kaléidoscope qui émet des images différentes selon l'angle que pose sur eux notre regard.

Avec deux constantes, la recherche de la perfection et beaucoup d'amour. Les sentiments très forts qui les unissent sont sans doute le carburant le plus puissant qui leur a permis de réussir cette prouesse. Tout semble si simple auprès d'eux qu'on ne voit plus l'immensité du travail qu'il a fallu accomplir en amont. Et qui demeure leur quotidien car dans l'hôtellerie et la restauration la remise en cause est toujours de mise.

La série de billets que je vais leur consacrer débutera par un petit-déjeuner. Je ne dirais pas que j'ai l'habitude de prendre le mien dans un Cinq étoiles mais ma mémoire a tout de même enregistré quelques références comme celle que j'ai faite à l'Hôtel de Crillon (aujourd'hui fermé pour travaux comme tant de palaces parisiens). Ce fut l'objet d'un de mes premiers articles.

Oubliez le schéma classique ... au Relais et Châteaux Michel Trama de Puymirol tout est subtilement différent. Vous vivrez un dépaysement tout en douceur.
D'abord parce que vous vous installerez probablement dans le patio qui réunit les deux bâtiments de cette bastide du XIII°. Les chambres sont magnifiques mais les extérieurs le sont tout autant, conçus par le décorateur Jacques Garcia comme un espace qui pourrait autant se situer en Italie que ... dans le Lot-et-Garonne, un lieu propice au repos comme un cloitre.

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Tout est authentique, venant d'un endroit ou un autre, formant une composition harmonieuse mais unique et personnelle. Au centre, un cerisier du Japon féérique, que l'on croirait ponctué d'améthystes, éclaire la cour le soir.
On peut ici profiter du soleil tout en se sentant protégé. Avec un dosage équilibré de pierres, de poutres, de verdure et d'objets chinés comme des cages à oiseaux qui rappellent sans doute à Michel celles de son enfance marocaine ou ce mûrissoir à chasselas, typique de la région.

Cette sorte d'étagère en bois existait déjà sous François Ier. Je me souviens d'avoir visité à Saint-Jean-de-Beauregard (91) une pièce entière, en lisière du potager, qui appliquait le procédé Thomery, une ville proche de Fontainebleau, afin de pouvoir manger du raisin non séché et non flétri à Noël.

Les murs entiers y sont tapissés d'une sorte de placard grillagé. On enlevait un grain sur deux et on glissait la grappe dans une bouteille inclinée, pleine d'eau avec un morceau de charbon de bois pour qu'elle ne croupisse. Il n'y avait plus qu'à refermer les portes des armoires ... et attendre patiemment.
La vigne n'est pas loin ... Quelques pieds prospèrent sur une margelle pour le bonheur de Maryse et sa plus grande fierté.
La musique ultra douce ne domine pas les chants des oiseaux.

La vaisselle est posée sur un set de table violet, la couleur préférée de Maryse que l'on retrouvera par touches en maints endroits. Des pensées semblent y avoir été déposées par hasard.
Les papilles vont être sollicitées immédiatement avec cet oeuf brouillé en émulsion que le serveur recommande de consommer sans attendre qu'il refroidisse.
L'orange a été pressée il y a quelques instants; le pain et les viennoiseries sortent du four. Encore chaudes sous le torchon, dans l'ancien panier rectangulaire à vendange, en bois comme il se doit. Tout le pain de l'Aubergade est cuit sur place avec des farines bio : pain aux céréales, baguette au maïs et graines de lin, flute Gressini.

Le croissant est fondant; le feuilleté de la chocolatine (on ne dit pas pain au chocolat dans le sud-ouest) crisse sous la dent; le cookie juste tiède se laisse croquer et la madeleine embaume les épices.
La petite cuillère hésite, entre les confitures, le pruneau infusé dans le thé, le crumble aux prunes recouvert d'un streusel aux noisettes ou cette mousse de yaourt qui donne tout son sens à l'adjectif "aérien". Le caramel beurre salé que l'on découvre au fond du pot est une ultime gourmandise.

La journée démarre agréablement. Mes voisins ont déplié une carte pour repérer le trajet vers Lectoure (la capitale du pastel) qui est le but de leur randonnée du jour à bicyclette. D'autres vacanciers envisagent une "activité" lecture au bord de la piscine. Il se pourrait que je descende au potager avec Michel ... Maryse est déjà sur le pont depuis longtemps elle aussi. La liste des choses qu'elle supervise est impressionnante mais elle ne sacrifierait pour rien au monde la mousse de son café (sans sucre) qu'elle déguste à sa manière ... et que je ne vous dirai pas, suivant en cela le conseil discret d'un des petits anges qui veillent sur les lieux.
TRAMA - HOTEL***** RESTAURANT - 52 rue Royale - 47270 Puymirol 
Tel. : +33 (0)5 53 95 31 46 - Fax : +33 (0)5 53 95 33 80 - trama@aubergade.com

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Visite des appartements d'hôtes Trama de Puymirol (Lot-et-Garonne)

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Puymirol est un peu le fief de la famille Trama.

Outre le Relais et Châteaux Michel Trama de Puymirol, le restaurant hautement gastronomique dont je vous parlerai demain, un hôtel cinq étoiles, une auberge traditionnelle, la Poule d'Or, existe aussi une formule facile d'accès autour de cinq appartements d'hôtes, toujours dans cette même rue Royale, aménagés dans une ancienne boucherie.

L'entrée est commune mais les cinq appartements sont tout à fait indépendants et fonctionnent à l'instar de gîtes, pour quelques jours ou à la semaine.

Ils sont tous différents mais on retrouve le sens du détail et le goût de Maryse Trama pour les objets de décoration.

Avec souvent beaucoup d'humour. Regardez ces tennis  qui font la paire avec les baskets collées sur la marche.

On retrouve un style proche du baroque de l'hôtel d'en face et dont je vous parlerai très vite. L'alliance avec des matériaux anciens et des meubles rustiques est réussie.
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Chaque appartement bénéficie d'une connexion Wi-Fi gratuite et d'un accès à toutes les installations de l'hôtel, et donc de la piscine dans un cadre idyllique).
 
Chacun dispose de la climatisation et d'une terrasse.
Avec une cuisine entièrement équipée munie d'un four micro-ondes et d'un réfrigérateur.
La vaisselle est soignée, donnant envie de cuisiner. Lors du séjour, on peut savourer son petit-déjeuner à l'établissement Relais & Châteaux Michel TRAMA juste en face ou se faire livrer un panier petit-déjeuner pour le savourer en chambre ou sur une des terrasses.
Les salles de bains sont privatives, pourvues d'une douche et d'articles de toilette qui sont fournis à l'arrivée. Certains logements disposent d'une télévision à écran plat.
La décoration est joyeuse et marquée par l'amour ... partout et toujours ...
Nous sommes à 17 km d'Agen et à 32 km de Villeneuve-sur-Lot, face au paysage vallonné de la Séoune, avec pour horizon les collines du Pays de Serres, propice aux balades.
Rien de tel qu'une promenade pour mettre en appétit. L'accès aux appartements fait lui aussi saliver, avec d'immenses reproductions de la spécialité qui a fait connaitre Michel Trama dans le monde entier, ses Cristallines, obtenues suite à une erreur devenue "sa" technique depuis 1986.
Appart's Village TRAMA - 52, rue Royale - 47270 PUYMIROL (Les animaux y sont acceptés.)
05 53 95 31 46

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La Poule d'Or de Michel Trama, l'auberge traditionnelle de Puymirol (47)

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Chez les Trama on dit la Poule, tout simplement, et avec une affection immense dans l'inflexion de la voix. C'est une auberge mais c'est bien plus que cela, un lieu convivial où officie Christopher, le fils de Michel et de Maryse, juste à coté du Relais et Châteaux Michel Trama de Puymirol, le restaurant paternel.

Ils sont tellement proches qu'ils font cuisine commune et que Maryse surveille les entrées.

Ce nom de la Poule d'Or semble couler de source. Pourtant il fallut des mois de recherche avant que l'évidence ne leur saute aux yeux.

La salle regorge de poules. On commence à savoir que venir avec un de ces volatiles fera plaisir à tout le monde. C'est devenu "le" cadeau à faire à la famille Trama.

Il faut mener une enquête serrée pour déterminer qui de la poule A ou de la poule B est "la" poule fondatrice. On pourrait croire que c'est celle de ce tableau, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à l'enseigne de la rue.

Il a été fait par un Meilleur Ouvrier de France ... Mais c'est d'un autre tableau qu'est venu l'inspiration.

Michel avait mis une option sur celui là, signé Leroy, en donnant son prix maximum à un commissaire priseur. Par chance il put l'acquérir pour la moitié de la somme. En l'observant et en cherchant pourquoi il lui plaisait tant Michel remarqua cette petite poule dans le coin inférieur.

Eureka ! Ce ne serait ni l'Oie d'or, un nom qui effrayait Michel parce qu'un restaurant de ce nom là avait fait deux fois faillite, ni le Coq d'Or ... ce serait la Poule d'Or.
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Inutile de chercher longtemps pour en voir partout et de toutes les couleurs.
Sur les conseils de son ami Michel Guérard, Michel Trama a créé l'auberge dans l’une des salles du restaurant gastronomique. Il a confié la direction à son fils Christopher qui est fier de l'éducation que son père lui a donnée en lui faisant découvrir toute la bonne cuisine.

Il a fait "ses classes" chez Costes où il a travaillé cinq ans. Il a commencé par éplucher els patates à longueur de journée et il a fini manager. De sa mère il dit : Elle pense comme moi. J'essaie de penser comme elle.

Le moderne fait alliance avec l'ancien. La salle est décorée d'objets qu'il affectionne particulièrement.
Des fioles vertes provenant de mûrissoirs à chasselas, des cuillères en étain au-dessus de la cheminée devant laquelle il fait réchauffer les amuse-bouches qui seront servis en début de repas ... On le voit aussi bien en cuisine qu'au service.
... des gaufriers. Le souvenir du passage de Pierre Perret venu ici pour son quatre-vingtième anniversaire il y a quelques jours ... Le chanteur (et cuisinier !) n'a pas besoin d'un prétexte pour venir en ami et laisser sa trace, quelques paroles de la chanson Au café du canal que Michel peut vous faire écouter sur son i-phone.
Et puis aussi des conserves, maison bien évidemment, un bouquet de tournesols fraichement cueillis dans la campagne environnante, et des chandeliers que l'on doit à Jacques Garcia et qui rappellent l'atmosphère de la salle emblématique de l'Aubergade en donnant à l'ensemble un côté théatral à la Cocteau familier de l'esprit Trama.
C'est à lui que l'on doit aussi les pieds de lion de la gigantesque table d'hôtes en chêne massif. On ne risque pas de la déplacer d'un coup d'épaule. Elle pèse quelque 350 kilos.
Les couverts sont dressés sur des torchons en lin couleur ficelle. Simple et élégant pour y servir une cuisine "authentique, conviviale et généreuse qui renoue avec les goûts et les gourmandises de nos enfances". Je l'écris au pluriel parce que vous commencerez probablement par des gougères, spécialité bourguignonne chère à Maryse (que ma grand-mère, aussi, réussissait à merveille, gonflées et craquelées par l'emmental).

La Poule est autant le domaine de Maryse que celui de Chris : c'est maman qui envoie toutes les entrées de la Poule.
Si le pain n'y est pas cuit sur place il est réalisé selon une recette qui a été transmise au boulanger avec une farine de meule qui lui est également fournie. Le menu change régulièrement. Les poireaux vinaigrette sont servis copieusement. La terrine de lentilles au confit de canard, vinaigrette perlée est une des entrées actuelles, très réussie avec sa barde de lamelles de navets et ses cerises à l'eau-de-vie, encore un souvenir de famille ...
Le chef propose un saumon grillé aux jaunets, c'est ainsi qu'on appelle le safran dans la région, une tête de veau à la sauce poulette accompagnée des légumes du moment ou le poulet de grain, sauce vinaigre de vin et à l'estragon. Un pur régal !
Bien entendu il est servi avec les grosses frites dont les enfants pourront eux aussi se régaler, taillées dans la pomme de terre Emeraude, fondante et presque sucrée. On demanderait volontiers de la "repasse" comme on dit ici pour désigner le supplément.
Le petit gratin de légumes, aujourd'hui des épinards à la crème, apporté brûlant est lui aussi très parfumé. Les fines herbes viennent du potager de Michel qui multiplie les variétés pour avoir un large panel d'aromates. On y trouve par exemple deux variétés d'estragon, une myriade de menthe et de basilic.
Michel Trama est, comme Maryse, un fin gourmet, jamais blasé, pour qui le déjeuner en famille est un moment privilégié.
Les desserts sont abondants, comme ce qui a précédé. Le chou à la crème et à la vanille semble démesuré et l'énorme oeuf à la neige porte bien son nom. C'était un des desserts que je réclamais prioritairement à ma grand-mère quand j'arrivais en vacances. C'est dire combien mon palais est exigeant. Celui-ci est sans conteste un des meilleurs à s'être trouvé sous ma cuillère.
Christopher propose le cannelé comme on le faisait autrefois. Il est cuit dans un moule à bavarois et  servi en part avec son pot de glace au caramel. Michel Guérard, le grand ami de la famille, lui a donné un nom, le Tramirol ... Et comme il faut goûter de tout nous avons aussi testé le riz au lait ... crémeux, fondant, parfumé.

Les enfants sont rois chez les Trama, que ce soit à l'Aubergade ou à la Poule. Ils peuvent s'y régaler d'un menu poussin à prix doux (15€) avec un oeuf mollet à la crème et ses mouillettes, un blanc de volaille ou un steack et ses grosses frites, une glace vanille ou chocolat avec des mini-gaufres.
La famille peut être fière. Le restaurant n'a pas attendu un an pour décrocher un Bib gourmand au Michelin 2014.

Tout à l'heure je vous emmène dans l'hôtel et demain nous irons au "gastro" comme on dit ici. Je terminerai par un portrait croisé de Michel ... et de Maryse parce que l'un n'existerait pas sans l'autre, comme je le vois souvent dans la restauration et tous ces métiers de passion si chronophages.

La Poule d'Or, rue Royale, Puymirol,
Formules à 29 € et 39 €. 

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Séjour chez Michel et Maryse Trama au Relais & Châteaux de Puymirol (47)

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Quand on arrive au Relais et Châteaux Michel Trama de Puymirol, on est d'abord saisi par le décor qui fait perdre tous ses repères. C'est le miracle Jacques Garcia diront certains. Je crois que c'est l'effet Trama parce que ce sont les habitants qui font un lieu et pas le contraire.
Je vais malgré tout aborder dans cet article le cadre de cet hôtel cinq étoiles. On y est à la fois dépaysé et en territoire familier parce que les codes de décoration évoquent des références connues.

On pénètre immédiatement dans un hall de taille raisonnable, ouvert sur la piscine et conduisant à un premier salon qui  lui-même débouche sur un cloitre agencé sur le modèle réduit de celui de Moissac, abritant la salle à manger d'été, aussi agréable le matin pour le petit-déjeuner que pour y dîner.

Car vous verrez que pour le déjeuner, je vous ouvrirai les portes de l'auberge de la Poule d'Or qui se trouve de l'autre côté du patio.
On sait d'ores et déjà, avant même de monter découvrir sa chambre, qu'on sera bien ici, quel que soit l'endroit où l'on se posera. Le décor est chargé mais on ne se lasse pas du raffinement de ce palais épicurien.
L'ambiance du bâtiment du XIII° siècle qui fut la demeure des comtes de Toulouse est devenue baroque, moyenâgeuse, marocaine, vénitienne, très modulable. Il n'est pas impossible que la disposition du mobilier ne soit pas identique lorsque vous viendrez. Quand Jacques arrive à Puymirol il ne résiste pas à retrousser les manches et déplacer les meubles.

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Puisqu'il faut monter les bagages, profitons-en pour découvrir la chambre, qui prend presque une allure d'appartement au bout d'un couloir. Les tissus sont des rééditions du XVIII° dans des soies chatoyantes, associant les fleurs aux rayures dans des tonalités safran, olive, amande, kaki, marron glacé ... pour rester dans un lexique gourmand.
Le baldaquin est une promesse de rêves. Deux guérites aux allures de pigeonnier encadrent le lit en offrant rangements et penderies en encoignure.
Meubles et accessoires Louis-Philippe semblent là d'origine.

Privilège précieux, ma chambre se prolongeait sur une terrasse surplombant la piscine, aussi bleue que le bleu du ciel, bénéficiant d'une gloriette en fer forgé. La sonnerie de la cloche de l'église voisine fait concurrence à la stridulation des cigales qui chantent en sourdine.
La salle de bains rivalise avec la piscine pour inviter à la paresse dans une mise en scène pensée comme un théâtre.
La baignoire en émail blanc a été peinte en noir mat. Ses pieds en fonte sont travaillés. L'alcôve est recouverte de mosaïques mauve, gris, violet irisé. le lavabo est entouré de granit poli du Zimbabwe. Le radiateur est en fonte. Bois peint et dorures s'accordent pour l'intimité sur un sol de tomettes.
Le moindre détail y est pensé avec délicatesse et charme. Jusqu'à ce portrait qu'on dirait de famille ...
Le sentiment d'être accueilli est palpable. Vous me direz que tous les grands hôtels ont cette préoccupation. Mais ici c'est une réalité.
C'est le macaron à la violette qui accompagne un banyuls languedocien. Ce sont les produits de toilette (j'allais écrire de beauté) de la salle d'eau, parfumés au romarin, à la mélisse et au thym. C'est encore la newsletter du jour que l'on découvre le soir, posée sur le lit ouvert, avec un proverbe et le rappel de quelques dates anniversaires. Hier c'était la mention de l'ouverture du premier des parcs Disney en Californie en 1955.
Chaque objet raconte une histoire depuis ce serre-livres jusqu'au plus petit tableau.
  
Redescendons ... le tapis qui recouvre les marches de l'escalier est aux couleurs que Maryse aime tant. Tissé à la main, en laine épaisse et profonde, d'un violet à la fois foncé et lumineux, aux dessins bouton d'or cerné de noir. On y verra une pomme, une coquille d'escargot, l'esquisse d'un blason ... 
Je vous emmène dans un endroit un peu privé, la Salle des Boiseries, aux allures de cuisine de château, et qui est la salle à manger où Michel retrouve Maryse et les amis de passage pour savourer ce que les cuisines ont préparé.
Les boiseries sont du XVII°, associant grillage fin et portes vitrées. Les sièges à grand dossier encadrent la table d'hôtes de chêne massif.
Située entre les grands salons et la cuisine, cette pièce est aussi la vitrine des produits trama : foie gras, confitures, truffes et conserves proposées à la clientèle.
On y trouve, comme à la Poule d'Or, d'anciens objets de cuisine, au-dessus d'un ancien billot de boucher, sans jurer le moins du monde avec des créations contemporaines comme cette série de pommes.
La patte d'un griffon fantastique remplace ici celle du lion ...
Bientôt je vous montrerai la splendeur des assiettes qui, en hiver, sont servies dans la majesté de la partie restaurant, rénovée en 2002.

Sols de tomettes rouges vernissées, cheminée de pierre surmontée de la croix occitane, fauteuils et canapés démesurés de velours safran ou rouge, drapés muraux dans une tonalité cramoisie, lustres géants en plâtre blanc ...
Quant elles ne sont pas cachées par le tombée de la nappe, les tables se dressent sur les fameux pieds larges en patte de lion.

L’ambiance est théâtrale et luxueuse. Il y a du Jean Cocteau aussi, dans les bras-chandelier sortis du mur.  On pense aussi au passe-muraille de Marcel Aymé dont la statue, immortalisée par Jean Marais, acteur français et sculpteur, en 1989 dans le mur devant l'ancienne maison de l'écrivain, rue Norvins à Montmartre.
Des angelots partout veillent sur les lieux.
J'avais promis de vous montrer la piscine. Un bassin à la symétrie imparfaite qui prouve qu'on peut être sérieux sans rigueur. Les extérieurs embaument délicatement le jasmin.
Les feuilles bleutées des oliviers s'agitent doucement au-dessus des statues de pierre ocre.
Mais on pourrait aussi avoir envie de flâner à l'intérieur quand il fait très chaud ...
 ... ou dans la semi-ombre du cloitre, inspiré de celui de l’abbaye de Moissac, adossé à la bâtisse depuis 1998, mais qui semble avoir toujours été là ...  et qui devient féérique dès la nuit tombée.
Vous pourrez visiter la région non sans avoir testé le mur des senteurs qui court le long de la rue Royale, en accès libre pour les passants.
Mais surtout, cet hôtel est une invitation aux voyages et à l'éveil des sens qui prend toute sa dimension au moment de la dégustation que je vous invite à suivre en cliquant sur l'assiette ci-dessous.

TRAMA - HOTEL***** RESTAURANT - 52 rue Royale - 47270 Puymirol 
Tel. : +33 (0)5 53 95 31 46 - Fax : +33 (0)5 53 95 33 80 - trama@aubergade.com

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La cuisine du Relais & Châteaux Michel Trama et Portrait de famille

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Ce serait un non sens d'aller au Relais et Châteaux Michel Trama de Puymirol sans goûter la cuisine de Michel Trama. Parler de l'endroit en occultant le chef doublement étoilé est impossible.

Il a été élu Meilleur chef de l'année par le guide Gault Millau en 1991 et de nouveau Meilleur chef de l'année, cette fois par tous les chefs étoilés du guide Michelin en 2004.

Citer son nom suscite des oh et des ah mais ce qui touche le plus c'est l'humanité qui se dégage de sa personne. Je l'ai rencontré dans des circonstances pour lui difficiles parce qu'il avait un problème de santé.


Il aurait pu me demander de décaler ma venue mais il avait préféré ne rien laisser paraître. J'ai connu de tels tempéraments dans le théâtre, un domaine où j'ai travaillé plusieurs années. Mais en cuisine, j'avais plus souvent rencontré des personnalités si conscientes de leur valeur, et sans doute des contraintes économiques qui pèsent sur leurs épaules, que l'aspect humain passait au second plan.

Michel Trama a un très fort caractère. Il donne beaucoup et exige la réciprocité autour de lui. Mais sa bienveillance est ce qui frappe le plus ... avec un je ne sais quoi d'espiègle dans le regard et le sourire comme pour contrebalancer l'image que l'on peut se faire de lui.

Sa conversation est aussi variée que sa cuisine. Anecdotes, souvenirs d'enfance, blessures, confidences, espoirs, projets, Michel Trama est facile à décrypter. Tout est sur la table, ce qui n'exclut pas la pudeur.

Il connait parfaitement l'histoire de la cuisine et "raconte" les plats avec flamme. Il est tout autant capable d'amuser la galerie avec de bonnes blagues pour mettre l'auditoire à l'aise. Ou d'improviser une séance dégustation au milieu d'un repas en apportant sa collection de poivres.
Il s'amuse franchement de l'étonnement de ses convives en cherchant à leur faire deviner comment il a mis au point telle ou telle technique. Mais son sourire s'élargit quand il voit qu'on se régale ... tout simplement, avec par exemple cette Raviole citronnée aux fruits rouges, glace à la verveine. Parce que le goût est l'objectif qu'il ne perd pas de vue.

La famille demeure néanmoins le sujet essentiel sur lequel on revient sans cesse comme la main qui lustre un meuble s'attardera toujours en son centre.

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Il aime manger, c'est une évidence. Tout peut ravir son palais. Un émincé d'ail rose de Lautrec sur une tomate de son jardin, le parfum de l'estragon qu'il cultive à coté de la tagette anisée (dite estragon mexicain) ou une nouvelle variété de basilic. Et surtout la verveine odorante dont les bouquets embaument la Salle des Boiseries.
Il aime partager ses émotions avec qui l'accompagne, me mettant au défi de reconnaitre la sauge ananas et la nepitella (une herbe merveilleuse avec des champignons).

On le sent en recherche permanente, visant toujours l'excellence. Il cueille une Mara, une variété régionale de fraises remontantes très parfumées. On ne fait peut-être pas du bio, mais ce qui sort du potager est naturel. Michel regarde pousser ses plantations avec amour, en respectant le rythme de la nature avec fatalisme. Quand ça pousse, ça pousse, quand ça pousse pas, ça pousse pas. Cette année fut une bonne année pour les framboises. On en a récolté 15 kilos.

On arrose à l'eau de pluie, récupérée dans un bassin et stockée dans une citerne. Mais en faisant attention à sa température pour ménager les plantes. On paille les plantations pour économiser l'eau et on essaie de suivre la lune pour tailler au meilleur moment. Michel fait pousser de l'oseille, de la riquette, une forme sauvage de roquette, de la livèche, une plante aux mille vertus, des betteraves Chiogga, roses, veinées de blanc, et bien entendu des tomates. Il aime beaucoup les légumes. Avec une prédilection pour les blettes ... qu'il a réussi à me faire apprécier.

Suivant mon regard en direction des ruches il minimise : on fait "juste un peu" de miel.
On pourrait penser que ce territoire est le sien depuis toujours. On peut croire qu'au bout de presque quarante ans cette région au Nord de l'Agenais, en bordure du chemin menant à Compostelle, oscillant entre Guyenne et Quercy, a fini par déteindre sur Michel Trama. On le sent vraiment chez lui ici où il n'a pas fini de faire éclore ses projets.

Ce sont des envies de greffage que le fidèle jardinier Momo expérimentera, en respectant la règle de "noyau sur noyau, pépin sur pépin". Ce sont aussi des serres qui bientôt permettront des récoltes plus hâtives.

Lui qui a découvert la terre plus tard que ses confrères vit désormais à son rythme. Il ne servira pas d'asperge en hiver. Pas davantage que la garriguette qui est pourtant la fraise par excellence du Lot-et-Garonne.
Le jardin est à quelques kilomètres du restaurant. On pourrait presque surveiller la bastide de Puymirol tout en arrosant les courgettes. Mais il n'est pas à portée de main. Alors Michel a prévu une réserve d'appoint en face de l'Aubergade. Il suffit de traverser la rue, de franchir l'entrée de service des Appartements d'hôtes pour cueillir quelques brins d'aromates.
 
Il est discret sur ce qu'il donne. A commencer par son temps sans compter pour les causes qui lui tiennent à coeur. C'est d'un autre chef que j'ai appris qu'il avait offert sa recette de pigeonneau rôti aux épices, carottes à l’orange et au cumin, fane de carotte croustillante, qui fut au menu du Dîner des chefs du restaurant Manger (24 rue Keller dans le XI° arrondissement) à l'initiative de l'association Toques et Partage qui favorise la réinsertion professionnelle.
Après avoir été désossé, le flanc du pigeonneau est recroquevillé à l’intérieur avant d’être recousu pour être cuit en entier. La technique est particulière au chef, la cuisson parfaite, et la chair rouge, juteuse, excellente. Logique quand on sait que ces pigeons mangent du blé, de l'avoine. Cela fait près de trente-cinq ans qu'il se fournit auprès du même producteur du Lauragais, d'abord le père, puis le fils qui fut aussi le producteur de Jacques Maximin et dont il a suivi tous les boires et les déboires.

Les droits d'auteur de son livre Cristallines sont reversés à la Ligue contre le cancer.

Et quand il reçoit la lettre d'une adolescente sollicitant un rendez-vous pour son frère il répond positivement en l'accueillant dans sa cuisine pour un cours très particulier.
Cela ne signifie pas qu'il acceptera tout.

Pédagogue dans l'âme, il prodigue ses conseils à tous ceux qui gagnent sa confiance. Je préparerai désormais les pommes de terre en suivant sa méthode et je penserai à percer la coquille des oeufs coté rond avant de les cuire dur pour les écaler plus aisément ensuite.

Je n'ai pas honte d'avouer qu'il m'a appris à tenir un verre de dégustation dans les règles de l'art. Le temps passé en sa compagnie se mérite et se savoure. Cet initiateur des sept sens (il élargit les cinq sens fondamentaux en leur ajoutant la perception et l'émotion) en possède un huitième qui est l'art de percer le coeur des hommes.

On dit que tout part de l'enfance. Qu'on se construit en opposition ou en harmonie avec le père. Qu'il faut saisir sa chance pour réussir. Le travail et la volonté sont les premières vertus de Michel Trama. La dureté de ses jeunes années lui a peut-être offert une clé pour ouvrir les portes de son avenir : il n'a pas de barrière. Ni sociales, ni intellectuelles. L'instinct lui permet d'aller aussi loin que possible.

Pourtant rien ne destinait le champion de plongée du Club Med à devenir cuisinier. C'est une femme qui va, non pas le détourner de son chemin, mais le mettre sur la voie. On ne peut pas évoquer Michel sans parler de Maryse dont il dit qu'elle est sa femme et son mentor.

Quand ils se sont rencontrés Michel rêvait d'aller sauver les baleines dans le Saint Laurent. Je lui ai donné quinze jours pour choisir entre le Commandant Cousteau et moi. La mer le passionne. On est tout le contraire affirme Maryse.

En partageant leur intimité, j'ai remarqué plus de points communs que de différences. Lui Verseau, elle Scorpion sont des bourreaux de travail, en recherche absolue de perfection. Deux gourmands qui se régalent quotidiennement, animés par les mêmes projets, se soutenant sans faillir.

C'est Maryse qui l'a initié à la cuisine. Il a pris son envol et elle est devenue son admiratrice inconditionnelle. Parlant de lui elle le désigne plus par son patronyme "Trama" que par son prénom, parfois encore "le chef", c'est selon. Il a un nez d'enfer, lui reconnait-elle. Ce fut un atout énorme pour avancer en cuisine à pas de géant.
Maryse est partout. Comme le violet, qui est sa couleur de prédilection, et qui court de la moquette au set de table, de la pensée qui s'échappe de l'assiette du petit-déjeuner, jusqu'à la cravate des serveurs. Partout, mais sans peser. Maryse est aussi l'âme de l'hôtel, dont elle est aux commandes H24 comme diraient les jeunes d'aujourd'hui. On la voit aussi bien dans les cuisines qu'au bureau ou dans le restaurant la Poule d'Or, toujours prête à couver du regard son fils autant que son mari.
Michel reconnait avoir un tempérament exigeant. Il ne peut avancer que dans le stress. Il lui fallait une compagne de la carrure de Maryse pour tout partager. Et une brigade autour de lui, sur laquelle s'appuyer et à laquelle il rend hommage : Mathieu en salle, et Anthony et "JP" en cuisine, sans oublier Stephan qui a la responsabilité des desserts, et puis Kevin et Momo qui est bien plus que jardinier. C'est une trentaine de personnes qui composent l'équipe de l'Aubergade et chacun y occupe une place essentielle.

Maryse une hôtesse merveilleuse, généreuse et comme lui épicurienne. Elle est gourmande autant que gourmet. Elle déguste le melon avec de la fleur de sel et du poivre, en variant selon son envie du moment. Ce peut être une baie de Setchuan comme un poivre Timut du Nepal, dit poivre pamplemousse.
Comme Michel, elle fume le cigare, ou plutôt le savoure ... avec un verre d'eau ou un petit rhum. On comprend qu'elle a inspiré un des desserts fétiches du restaurant.

Maryse est une femme de tête qui sait se satisfaire de ce qu'elle a. Rêvant d'un vignoble elle bichonne "sa petite vigne" sur un muret de pierre du patio.

Elle cultive l'amitié avec la même énergie que ses plants de vigne, heureuse de sa dernière acquisition, un grand cru classé Margaux. Elle fait goûter les plats et les vins qu'elle aime, un Coteau du Languedoc, un Bergerac blanc ou un Sydre d'Eric Bordelet qui vient juste de lui être livré.

Elle est surtout distributrice d'amour sans compter. Déclarer je t'aime n'est pas tabou chez les Trama. C'est aussi naturel que dire bonjour. Il y a tant d'amour qui circule entre eux trois que cela en devient contagieux. 

Les lustres n'ont pas toujours éclairé leur bonheur. On a ouvert ce restaurant (Sur le pouce, rue Mouffetard en 1974) sans qu'il sache cuisiner, mais je l'ai beaucoup aidé, me confie-t-elle.

Ce sont les plats bourguignons de son enfance que Maryse inscrit spontanément à la carte du bistrot : l'andouillette vigneronne, les oeufs en meurette, la charlotte aux amandes, les oeufs à la neige. Elle a été élevée par sa grand-mère qui avait treize enfants, en prise directe avec la nature et la terre. L'entendre évoquer cette période me rappelle mes propres souvenirs, auprès de ma grand-mère, en Bourgogne également.

Comme elle je me suis régalée de mets dont j'ose à peine donner le nom et qui ne vous diront sans doute rien : la corée, la tétine, les amourettes (moelle épinière et testicules que l'on ne mettait que dans le vol-au-vent des jours de fête), le pot-au-feu qui terminait en mironton, la viande en sauce, cuisinée une fois par semaine, avec beaucoup de sauce pour agrémenter les pâtes un autre jour. C'était sacrilège de jeter le pain. On le mangeait rassis et quand il était trop dur on en faisait ce dessert qui est maintenant à la mode, le pain perdu.

J'écoute Maryse et j'en suis convaincue : elle ne pourrait pas s'arrêter de cuisiner.
Michel n'a pas connu cela dans son enfance. Il ne tient pas ses recettes d'une grand-mère. Il a dit dans de multiples entretiens qu'il vécut au Maroc en orphelinat, persuadé que son père était mort. Mais il a engrangé dans sa mémoire olfactive les senteurs de l'Orient.

Pour expliquer sa réussite, Michel évoque le hasard. J'y vois surtout du travail. Comme seuls les autodidactes en sont capables, en apprenant au-delà de toutes limites. Il s'est passionné pour l'histoire de la cuisine, collectionnant les livres anciens, qu'il a "potassé" de A à Z. L'Escoffier et La Cuisine gourmande de Michel Guérard furent ses maîtres de papier. Il a fait ses gammes en les copiant, pouvant faire et refaire la même recette 15 jours durant jusqu'à la maitriser.

Maryse se souvient avec admiration de cette période où elle l'a vu s'acharner. Elle l'a encouragé à s'enfermer dans son terroir, à découvrir et à multiplier les tentatives. Elle devait savoir intuitivement que lorsqu'il aurait tout décanté il forgerait un style personnel.

Il aurait voulu être François Massialot, le serviteur de la nature, qui sans avoir jamais travaillé directement pour Louis XIV est l'inventeur de la crème pâtissière et de la crème au chocolat. On lui doit la publication de la première recette écrite de la Crème brûlée dans "Le cuisinier roïal et bourgeois" en 1691. Le "petit roi" voyageait avec Vauban qui lui fit découvrir la crème catalane dont il s'offusqua qu'elle soit froide. L'idée de brûler une couche de sucre est née pour pallier ce défaut.

Pour lui c'est à Édouard Nignon, un grand cuisinier français de la première moitié du XX° siècle (1865-1934), inventeur du homard à l'américaine, que l'on doit le concept de Tarte Tatin : il mettait des pommes sous presse pendant une douzaine d'heures.

Si le travail et la volonté sont les premières vertus de Michel Trama son autre grande caractéristique me semble d'être enthousiaste. Il en fallut pour accepter de prendre la suite du chef de leur restaurant, parti sur un coup de tête. Michel quitta son job (alimentaire) de serveur dans une pizzeria et noua le tablier. Il avait 28 ans et avait tout à apprendre. Il apprit vite.

Après être tombé dans la marmite, le succès de Sur le pouce incita le couple à relever un autre défi.

Ils visitent alors plusieurs restaurants potentiels. La bastide de Puymirol les séduit par la majesté de son escalier d'origine et l'authenticité des tomettes tout autant qu'elle les effraie. Elle est loin de tout et abandonnée depuis longtemps. Ils pressentent des travaux colossaux. Charmé par le souvenir du comte de Toulouse Raymond VII dont le bâtiment principal était l'ancienne résidence, et par respect pour le propriétaire, Michel fait toutefois une offre, intentionnellement basse, pour s'assurer qu'elle sera refusée. Elle est acceptée. Une parole donnée ne se reprend pas. Le couple arrive aux alentours du 26/28 octobre 1978.

L'automne est très beau dans cette région. Ils sont confiants. Voici Novembre, avec ses pluies, son brouillard. Ils remarquent les trous dans les murs, sursautent au passage des souris. Maryse passionnée de lecture ne pouvait plus ouvrir un livre ... trop de larmes faisaient danser les lignes.

Ils se sont mis au travail, tous les deux, comme ils l'ont toujours fait, pour restaurer l'essentiel. Et le premier janvier 1979 l'Aubergade ouvrait. Avec à sa carte le poulet au vinaigre qui est maintenant au menu de la Poule d'Or et le fameux gâteau de carottes.

Les gens du cru sont venus par curiosité, sont revenus par gourmandise. Malgré quatre années passées à Paris avec une clientèle qu'on dirait "people" les Trama n'avaient pas le sens des relations publiques et ne connaissaient rien au pouvoir des guides.

Leur pugnacité a été le nerf de la guerre. Elle continue à se manifester même dans les domaines où Michel est devenu maître, comme celui des cristallines. Ce matin il cherchait encore à obtenir la plus jolie couleur d'un pitaya, qu'on appelle aussi le fruit du dragon.
Quant à la mangue et au kiwi qui résistent à la méthode, je ne m'étonnerais pas qu'un jour il parvienne à les "cristalliner" eux aussi. La plus célèbre des cristallines reste la pomme même si ce n'est pas historiquement la première.
  
Dans son ouvrage éponyme, Michel Trama raconte sa découverte et son émerveillement face à ces créations transparentes déshydratées obtenues par hasard en 1985, suite à une erreur et un oubli.

Il poche des tranches d'ananas finement émincées, les laisse trop longtemps dans l'eau bouillante et les enfourne sur une plaque, espérant rattraper le coup.

Il rouvre le four trop tardivement. Les tranches n'ont pas la couleur escomptée. De rage, il jette la plaque qui, en tombant, décolle les lamelles qui se brisent comme du cristal.

Les premières cristallines sont nées. Suivront tout ce qu'il est possible de transformer ainsi, fruits, légumes, champignons, pétales de fleur ...

Ses créations sont expliquées très simplement dans son ouvrage, illustré de photographies magnifiques et translucides, signées Pierre-François Couderc.
Ses fines lamelles de raves au foie gras, vinaigrette d'argan, ornées d'une cristalline de betterave, sont devenues une de ses entrées signatures.
Son risotto ... de chou-fleur aux asperges vertes joue la surprise. Je connaissais la technique consistant à passer ce légume à la moulinette pour en faire un tartare présenté comme un couscous. C'était une des trouvailles qui a fait la célébrité du cuisinier catalan, Ferran Adrià Acosta dans son restaurant, El Bulli, désormais fermé.
Michel Trama va plus loin en le cuisinant comme un risotto à peine croquant. C'est un régal. Tous les légumes, taillés en brunoise, sont présentables selon la même technique.

Surprise encore avec les Tagliatelles de navets, crème de lard, oeuf de caille mollet (non photographiées).
Autre invention méritant d'être labellisée Trama, la raviole fondante. Ici la Raviole de crevettes aux saveurs d'Orient, impression d'encre. C'est un carré de sauce collée à l’agar-agar, servi avec une émulsion de lait de coco, gingembre, curcuma, zébrée à l’encre de seiche.
En fin de compte le Chef a pensé, bien avant que ce soit la mode, à présenter des plats en jouant sur l'illusion et le trompe l'oeil. Soit le plat dans son entièreté, avec cette Fraicheur de légumes (sorbet au parfum de ratatouille) et sa cristalline d'aubergine, soit un élément de décoration, comme ci-dessous le sapin en fane de carotte pour accompagner le pigeonneau aux épices.
C'est lui qui a popularisé l'emploi du vinaigre balsamique dont il avait ramené une bouteille d'Italie. Il en a fait cruellement les frais car le flacon s'était renversée sur une veste de grand couturier (la première qu'il avait enfin pu s'offrir) la tachant d'un rouge amarante indélébile.

Encore lui qui aura été un des premiers chefs français à utiliser le sel de Maldon .... il y a 28 ans, et dont j'ai entendu parler pour la première fois au dernier festival Omnivore.

Sa créativité est immense parce qu'elle n'a jamais été bridée par un formalisme académique (qu'il ne renie pas pour autant). Beaucoup de pédagogues devraient en tirer leçon !

Il utilise "toutes les herbes du jardin" et dose les épices à merveille. Son langage devient métaphorique pour mettre en garde : la cardamone ... à employer "en sous-marin".

Il connait l'usage  de chacun. Le coriandre est une merveille sur un rôti d'agneau. On le cuit rosé ou confit dans un four avec des olives noires, des tomates ... tout ce que vous aimez. Au moment de servir vous découpez un énorme bouquet de feuilles de coriandre e vous remettez 20 secondes au four. Vous amenez le plat directement sur la table. Une recette qui serait digne de figurer à la carte de la Poule d'or.

Travail, volonté, pugnacité, enthousiasme marquent sa trajectoire comme sa cuisine. C'est aussi un architecte qui créé ses plats comme des oeuvres d'art. Avoir passé une année aux Arts décoratifs l'a marqué à vie. Voyez plutôt :
Les rouleaux de homard au combava, en vermicelles de légumes, un des plats préférés de Maryse
Le King crab, avec une feuille de blette aussi belle que bonne.
La grosse crevette aux asperges vertes à l'huile de noix
La fameuse papillote de pomme de terre en habit vert à la truffe cuite en papillote et servie dans une assiette recouverte d'un chapeau (créée par Sylvie Coquet en porcelaine de Limoges) qui laisse dégager le délicieux fumet par une petite cheminée. Il faut le humer avant de déclocher.
La note de 19,5 attribuée par le Gault et Millau ne se discute pas.

La carte de l'Aubergade varie au rythme des saisons et des produits du marché. Quelques autres grands classiques ont construit la réputation du lieu : hamburger de foie gras aux cèpes et sauce ketcep, sucettes de foie gras, polenta mousseuse légère comme une brise.

Ses desserts sont marqués eux aussi par son style.
L'assiette des Cinq sens, avec la cristalline de pomme verte, la gelée de miel au thym vanillée aux fruits rouges (avec la recommandation de plonger la cuillère jusqu'au fond de la verrine), la larme de chocolat aux griottines, sauce vanille, le cigare Double Corona Trama, sa feuille de tabac au poivre et sa crème pâtissière.
Le vitrail de fraises au combava, cristalines de fraises.

Rien n'est détail. La larme commandée à la carte est sublimement présentée dans une assiette dessinée spécialement pour la maison par Christian Broutin sur le bord de laquelle on peut déchiffrer les lettres composant le nom TRAMA.
Selon Michel, la chance serait une compétence exacerbée. Ne subissant pas les contraintes de l'enseignement classique il osa en cuisine des gestes insensés comme celui d'ajouter de l'eau dans du chocolat battu, ce qui est une hérésie, mais un coup de mixeur plus tard le résultat était indubitable, avec la consistance et la brillance recherchées.

En cherchant à reproduire la marquise au chocolat de Michel Guérard et parce qu'il trouvait son appareil trop épais, et par conséquent raté, il a trouvé le moyen de faire une suprême au chocolat si magnifique que tout le monde l'a copié ensuite, Michel Guérard y compris, en devenant son ami.

Ce dessert est à la carte depuis plus de 25 ans. Michel n'est pas jaloux de ses trouvailles qu'il partage facilement. Cela ne veut pas dire que chacun est capable du premier coup de les reproduire mais si la langue vous chatouille, vous pouvez tenter le coup en suivant ses conseils ici. Vous trouverez d'autres recettes du chef sur France Chef TV.
Vérité, authenticité, et surtout humilité caractérisent cet homme qui a la chance de n'être blasé de rien, comme il le dit lui-même. C'est bien connu, le Verseau peut avoir la tête dans les étoiles en gardant les pieds solidement ancrés dans sa terre, à l'instar du mobilier campé sur ses pattes de lion.

Sa conversation rend hommage à ceux qui l'ont aidé, de près ou par leurs influences, à devenir ce qu'il est. On le sent attentif à poursuivre le chemin. Mais on sent aussi le souci de transmettre.

Je le remercie, ainsi que Maryse et Christopher de m'avoir ouvert les portes si largement.

TRAMA - HOTEL***** RESTAURANT, Relais & Châteaux - 52 rue Royale - 47270 Puymirol 
Tel. : +33 (0)5 53 95 31 46 - Fax : +33 (0)5 53 95 33 80 - trama@aubergade.com
Menu du Marché à 75€ hors boissons
Menu des Bastides à 115€ (boissons comprises)
Menu Gourmand 150€ hors boissons

"Les cristallines", aux Editions de La Martinière, est disponible au prix de 30€ sur place à Puymirol (le livre est épuisé chez l'éditeur)

Autres articles liés (accès en cliquant sur l'image correspondante) :

Visite des appartements d'hôtes Trama
Petit déjeuner à l'Aubergade
La Poule d'Or de Michel Trama, l'auberge traditionnelle de l'Aubergade
Séjour au Relais & Châteaux Michel Trama

Quelques desserts fétiches de Lou Bourdié, chez Monique Valette à Bach (46)

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L'article que j'ai consacré au restaurant Lou Bourdié il y a trois ans est un des plus lus du blog. Comme la patronne mérite amplement cette "publicité" je suis ravie de contribuer à faire connaitre cette adresse que les clients n'oublient pas.

De grands chefs se sont arrêté chez Monique Valette. Je ne vais pas commencer à en dresser la liste parce que je vais en oublier.

Mais sachez que Jamie Oliver a publié sa recette de tian dans un de ses livres ... ce qui fait pousser des cris de satisfaction aux anglais qui font une halte sur la terrasse.

Sachez encore que Cyril Lignac s'y arrête fréquemment et que Mercotte a téléphoné à Monique avant l'émission spéciale du Meilleur Pâtissier afin de connaitre la marche à suivre pour réussir le pastis.

J'arrête : j'avais dit que je ne donnerais pas de noms ...
Je suis revenue chez Monique avec l'intention de mettre à jour ce billet qui date tout de même de trois ans. Sauf que rien n'a changé, j'ai tout revu ... retrouvé les saveurs, la convivialité, l'énergie gourmande qui caractérise les lieux. Je ne vais donc pas ajouter un grain de sel à ce que j'ai écrit en août 2011.
Les tomates farcies sont en route. Le gigot d'agneau va gentiment dorer au four. Et les marmites frémissent sans gémir.
Le pot-au-feu pourra bientôt être servi en belle tranche en entrée, avec un verre de Chenin très frais. 
Après avoir grignoté quelques "fleurons" si on est dimanche. C'est un des rituels du week-end : l'apéritif accompagné de ces petits feuilletés  qui sont cuits maison. Une belle pâte feuilletée passée au jaune d'oeuf (détendu avec un peu d'eau, voilà le truc pour dorer sans trop colorer) puis saupoudrée d'emmental et prédécoupé avant le passage au four.
On peut encore surprendre Monique tracer le signe de la croix derrière le pain comme le faisait mon père avant de le trancher.
La grande salle intérieure est elle aussi restée la même.
Une petite chose quand même m'a semblé avoir bougé ... l'impression que l'amitié avait encore prospéré. J'ai davantage cuisiné avec elle. Quelques desserts en particulier et je vous donne ses secrets avec son autorisation. Vous savez sans doute que les recettes peuvent circuler. Rien ne sera meilleur que si on le déguste chez le créateur. Pour l'ambiance et le je ne sais quoi qui fait que l'instant restera unique et non reproductible.
Voici d'abord la crème caramel

Monique est comme vous et moi. Elle a parfois des doutes au moment de commencer un classique. Alors elle vérifie dans les livres, ce qui m'a permis d'apprendre qu'elle a une véritable passion pour les livres de recettes. je pourrais rester une journée entière dans une librairie me confie-t-elle en feuilletant son livre fétiche, .... signé Michel Guérard ... comme celui auquel se référait Michel Trama il y a quelques jours. Allez croire au hasard après ça.

Nous casserons 24 oeufs, que nous battrons avec 450 grammes de sucre et 6 litres de lait bouillant avant de les verser quasi mousseux dans des ramequins caramélisés. Le tout cuira au bain-marie 20 minutes à 150 degrés.

Le plus difficile sera d'obtenir des oeufs d'aussi bonne qualité que les siens, souvent double comme on le voit sur la photo.

Nous avons fait quelques expériences qui n'ont pas été proposées aux clients. Mais je vous les donne, au cas où ... Comme d'ajouter des pommes confites dans du beurre, ou de mélanger carrément le reste de caramel avec la préparation. Le résultat est intéressant.
Le fondant au chocolat

Autant Monique est généreuse quand elle cuisine le salé autant elle est prudente pour la pâtisserie. Quand on la taquine en lui demandant si elle pèse tout à l'oeil elle répond que pour les desserts vaut mieux pas. Pour ce gâteau elle fait fondre poids pour poids de beurre que de chocolat dans une casserole en cuivre. On y ajoutera 18 oeufs battus en omelette, l'équivalent d'1 cuillère à soupe de farine par oeuf et on versera pour cuire dans une tourtière sur une feuille de papier sulfurisé 15 à 17 minutes à 175°.

On le servira avec une crème anglaise.
Par contre, ce que vous ne gouterez probablement pas, c'est une part de ce gâteau au citron de Tata, la tante de Monique, qui passe régulièrement en fin de service pour apporter une des douceurs qu'elle réussit à la perfection et dont on se régale une fois la vaisselle faite et rangée, le restaurant briqué et les tables prêtes pour le service du lendemain.

Tentez donc, si vous le voulez, de faire une des recettes qui vous a été donnée. Et surtout gardez l'adresse par devers vous, pour le moment où vous passerez à proximité. Bach est sur la route de Saint Jacques de Compostelle et il y a de très jolis endroits à visiter dans le coin. Ce lavoir-papillon de l'Escabasse qui date du 18ème siècle et qui a été entièrement creusé dans la roche.

Lou Bourdié, 46230 Bach.
Tél. 05 65 31 77 46
Menus (déj.): 19 € en semaine, 29 le dimanche, hors boissons

Que faire avec une truffe d'été ?

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J'étais hier encore dans le Lot et j'ai ramené une truffe. On a beau dire que la truffe d'été est moins parfumée que celle d'hiver il n'empêche que celle-ci dégageait un parfum d'enfer.

Elle a d'abord assaisonné un bouillon de volaille.

S'il y a un outil dont je ne saurais me passer c'est bien de ma Microplane. Je la glisse dans ma valise et c'est bien le diable si je ne lui trouve pas une utilisation.

Il m'a suffi de la dégainer et de faire quelques allers-retours avec le champignon sur l'instrument.

Quelques tranches ont embelli ensuite un simple plat de coquillettes.

Et le petit reste a été enfoui dans un pot de sel pour disposer d'un condiment spécial ...

à condition qu'on en apprécie l'odeur car j'en connais qui n'en raffole pas ...
J'espère pouvoir revenir en pleine saison pour vivre l'intense activité de la région à ce moment-là et me régaler de la cuisine que Monique Valette fera alors dans son restaurant de Lou Bourdié.
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